Méga-prison et justice à l'envers — Luk VERVAET

Ce n’était pas l’objectif de cette action. Sinon les manifestants s’en seraient sans aucune doute pris autrement ; ils n’auraient pas fait une manifestation publique avec des calicots, et ce en présence d’un public nombreux.

Mais la machine policière et judiciaire se met immédiatement en marche.

Condamnés pour être présents !

Quatre des manifestants sont identifiés grâce à des caméras. Les images ne montrent pas qu’ils sont en train de s’en prendre à la maquette, mais témoignent uniquement de leur présence à la manifestation. En 2018, la justice frappe ces jeunes à coups de bâton : ils sont condamnés à dix mois de prison avec un sursis de trois ans pour « destruction de bien mobilier en bande ».

Ce n’est pas fini.

Trois ans plus tard, le 1er octobre 2021, un tribunal prononce le verdict pour le volet civil de l’affaire. Les quatre sont condamnés à rembourser 43 000 euros à la Régie des bâtiments, propriétaire de la maquette.

Vous avez bien lu : 10 mois de prison et 43 000 euros pour une maquette, une peine à la mesure du projet mégalomane de Haren. Dans ce verdict, il ne s’agit pas de frais de réparation pour une personne blessée, ni pour un bâtiment abimé, ni non plus pour un mur de prison vandalisé, mais uniquement d’une maquette publicitaire, qui ne servait à rien d’autre que ça, vu que les plans avaient déjà été approuvés. La vraie destruction, elle, celle du site du Keelbeek, soit 18 hectares de terre agricole et de nature, avait bel et bien commencé.

Justice de la vengeance, justice de classe

Nous assistons à une justice de la vengeance. Elle vise à réduire au silence toute tentative d’opposition à l’ouverture de la maxi-prison prévue pour septembre 2022. À une justice qui définit la culpabilité, non pas sur base d’avoir commis une infraction ou un délit, mais sur base de la présence de la personne, de son « association » avec d’autres. La justice belge agit comme en Angleterre où la loi baptisée « Joint entreprise » permet à la justice de « condamner des personnes à de lourdes peines pour quelque chose qu’elles n’ont pas fait, qu’elles n’ont pas prévu, qu’elles n’avaient pas l’intention de faire, qu’elles ont souvent même essayé d’empêcher, leur présence sur les lieux étant suffisante pour les rendre coupables » (1). Une justice de classe et partiale, où les juges ont clairement fait savoir que, contrairement à beaucoup de leurs collègues, ils étaient en faveur de la construction de la méga-prison. Les quatre inculpés…

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Auteur: Luk VERVAET Le grand soir