Mégabassines : bataille contre le « hold-up sur l'eau » de l'agriculture intensive

Mauzé-sur-le-Mignon (Deux-Sèvres), reportage

Une dizaine de moutons se faufilent en bêlant entre les jambes des gendarmes qui, malgré leur étonnement, restent de marbre. Les bêtes semblent perdues dans cet immense cratère de terre jaune et craquelée. Pas le moindre brin d’herbe à se mettre sous la dent. Le chien de berger tente alors de rassembler ce petit troupeau qui s’éparpille rapidement sous les hourras des militants criant « Des brebis, pas des bassines ! ». Environ 600 personnes étaient réunies mercredi 22 septembre à Mauzé-sur-le-Mignon, dans le Marais poitevin (Deux-Sèvres), pour bloquer le chantier d’une future réserve d’eau contre laquelle se battent des associations environnementales et une partie du monde paysan.

La manifestation était organisée par la Confédération paysanne, les Soulèvements de la terre et le collectif Bassines non merci. Une vingtaine de tracteurs, dont certains venus de Saint-Colomban (Loire-Atlantique), sont partis de Niort en début d’après-midi, suivis par un long cortège de véhicules qui a ralenti la circulation pendant plusieurs heures. Une fois arrivés sur le chantier de la future bassine, ils ont réussi à stopper les travaux pour le reste de la journée. « On a lâché les moutons, qui reprennent symboliquement le terrain sur cette bassine artificialisée. On se bat contre le système productiviste, pour préserver la ressource en eau, pour une irrigation répartie équitablement et pour nourrir les citoyennes et citoyennes », explique un militant.

Mais qu’est-ce qu’une bassine ? Imaginez une gigantesque piscine de 8 à 10 hectares (entre 11 et 14 terrains de football) creusée au beau milieu des champs. Profonde de 10 à 15 mètres et entourée de mini-digues, elle est rendue étanche par une couche de plastique avant d’être remplie par de l’eau pompée dans la nappe phréatique en hiver. De quoi garantir l’approvisionnement de certaines fermes durant les sécheresses estivales. Mais, selon les opposants, ces réserves ne profiteront qu’à une poignée d’agriculteurs qui pratiquent une culture intensive — notamment du maïs — très gourmande en eau. Ils estiment également que ces constructions vont bétonner des terres, diminuer les débits des rivières et détruire la biodiversité. Et ils dénoncent enfin l’accaparement de l’eau, un bien commun qui devient rare avec le réchauffement climatique. « Nous luttons contre un modèle productiviste. Un véritable hold-up sur l’eau au bénéfice d’une minorité », dénonce…

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Auteur: Laury-Anne Cholez (Reporterre) Reporterre