Mégabassines : « Ce type de retenue va favoriser la persistance de pratiques agricoles très demandeuses en eau »

Les réservoirs artificiels de stockage de l’eau, aussi appelés mégabassines, suscitent de vives controverses et oppositions depuis plusieurs années déjà. Et ce, jusque dans la sémantique. Ainsi, le terme de « mégabassines », plutôt employé par les opposants, ne rencontre pas beaucoup de succès auprès des autorités, qui lui préfèrent « retenues de substitution »

Des retenues d’eau de pluie ou du pompage de nappes phréatiques ?

« On parle de grands ouvrages artificiels de stockage d’eau, d’où le concept de “mégabassine”, explique Agnès Ducharne, hydrologue et directrice de recherche au CNRS. Le terme “retenue de substitution” fait référence à une manière de gérer l’approvisionnement en substituant à des pompages réalisés pendant l’été des pompages durant l’hiver, soit dans les cours d’eau, soit – et c’est le plus fréquent – dans les nappes phréatiques », poursuit la chercheuse.

Le terme « retenue » laisse penser que ce type de stockage ne ferait que retenir l’eau qui s’écoule. Or les mégabassines sont nécessairement reliées à un système de pompage, car elles sont déconnectées du réseau hydrographique – formé par l’ensemble des rivières, cours d’eau, lacs, zones humides, etc., d’un territoire. Elles se distinguent en cela des retenues collinaires, qui se remplissent via l’eau de ruissellement, provenant de la pluie ou de la fonte des neiges, à la manière des barrages. Ces bassins peuvent mesurer jusqu’à 18 hectares, soit 25 terrains de football, et contenir plusieurs centaines de milliers de mètres cubes d’eau. Elles sont recouvertes d’une bâche en plastique pour assurer leur étanchéité.

Combien de mégabassines en projet ?

À titre d’exemple, le projet de mégabassines porté par la Coop de l’eau 79, dans le Marais poitevin, prévoit la construction de seize gigantesques retenues pour stocker environ 6,2 millions de mètres cubes, soit l’équivalent de la consommation annuelle d’une commune de 60 000 habitants. Avec des périodes de sécheresse de plus en plus fréquentes, ces projets essaiment sur le territoire. Une carte réalisée par des collectifs d’opposant·e·s recense une cinquantaine de bassines déjà construites et une centaine en projet. Concentrées dans l’ouest de la France (dans les départements de Vendée, Deux-Sèvres, Vienne, Charente-Maritime et Charente), elles sont plébiscitées et défendues par la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), syndicat agricole…

La suite est à lire sur: basta.media
Auteur: Nils Hollenstein