Mégabassines : la semaine où tout a basculé

Une semaine après, la colère ne retombe pas. Le 25 mars, le mouvement Les Soulèvements de la Terre a appelé à un rassemblement à Sainte-Soline (Deux-Sèvres), pour s’opposer aux constructions de mégabassines — ces grandes retenues d’eau pompée dans les nappes phréatiques, à destination de certains agriculteurs. La manifestation, qui a réuni 30 000 personnes selon les organisateurs (6 000 à 8 000 d’après les autorités), a été violemment réprimée par les forces de police.

Une personne toujours dans le coma, accusations d’entrave aux secours, attitude du gouvernement critiquée à l’international, manifestations de soutien organisées partout en France… Résumé d’une semaine sous haute tension.

• 200 manifestants blessés, une personne toujours entre la vie et la mort

Un rapport du directeur de la gendarmerie nationale indique que 47 gendarmes ont été blessés lors de la manifestation, « dont six ont fait l’objet d’une évacuation médicale, sans pronostic vital engagé ». Au moins 17 manifestants blessés ont également été recensés par les autorités.

Un bilan largement sous-évalué, affirment Les Soulèvements de la Terre : ils ont comptabilisé 200 blessés, dont 40 graves, parmi les manifestants. Deux personnes sont tombées dans le coma : une première s’est réveillée le 30 mars ; la deuxième victime, Serge, habitant de Toulouse et guide de montagne, est toujours entre la vie et la mort. La Défenseure des droits, Claire Hédon, a annoncé le 30 mars s’être saisie d’office de ces deux derniers cas, « au regard de la gravité des blessures occasionnées, possiblement par des armes de force intermédiaire ».

D’après le rapport de la Gendarmerie nationale, plus de 5 000 grenades lacrymogènes ont été tirées lors de la manifestation. Des observateurs de la Ligue des droits de l’Homme (LDH), présents à Sainte-Soline, ont dénoncé dès le 26 mars « un usage immodéré et indiscriminé de la force sur l’ensemble des personnes présentes, avec un objectif clair : empêcher l’accès à la bassine, quel qu’en soit le coût humain ». « Je ne sais pas quelles sont les instructions qui ont été données aux forces de l’ordre, mais la réponse sur le terrain m’a paru largement disproportionnée », a également déclaré Michel Forst, le rapporteur spécial de l’Organisation des Nations unies (ONU) sur les défenseurs de l’environnement, dans un entretien avec le journal Le Monde le 30 mars.

« L’usage de la force que l’on a fait était totalement proportionné », a estimé de son côté le lieutenant Martin, membre de l’escadron mobile d’Aurillac, au micro de BFMTV le 31 mars.

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Auteur: Justine Guitton-Boussion Reporterre