Mégabassines : les ingrédients d'une lutte efficace

La mobilisation contre les mégabassines des Deux-Sèvres les 29 et 30 octobre a été, à plus d’un titre, déterminante : par sa radicalité, son ampleur et évidemment son succès. Le chantier de Sainte-Soline a été bloqué et suspendu. Une nouvelle manifestation est prévue le 28 novembre. En cinq ans à peine, cette lutte est sortie de terre. Et si la victoire n’est toujours pas acquise, le chemin tracé est d’autant plus remarquable que le mouvement écologiste traverse en ce moment une période difficile. Comme s’il était désorienté ou plongé dans une profonde déprime. Face à l’obstination du pouvoir et à l’approfondissement du désastre, les activistes du climat peinent, aujourd’hui, à trouver des prises. Ils tâtonnent et s’interrogent sur leurs pratiques.

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La lutte contre les mégabassines pourrait bien servir d’exemple et ouvrir les possibles. « De nombreux militants aujourd’hui veulent explorer de nouvelles pistes stratégiques, dit Victor Vauquois de l’association Terre de luttes. Avec le spectre de la victoire de Notre-Dame-des-Landes, des modes d’actions plus conflictuels, ancrés sur des terrains de lutte, attirent de plus en plus de monde. » Comment, à l’avenir, ce qui se joue dans le marais Poitevin pourrait-il inspirer le mouvement écologique ? Quelles leçons politiques tirer de la dynamique à l’œuvre sur ce territoire ?

Reporterre retrace les six éléments clés qui ont permis à cette lutte de s’épanouir.

1 — Partir d’une « révolte sensible »

C’est l’un des enseignements que rappelle cette lutte : l’importance que son implantation locale et de son inscription sur le territoire. « La lutte a été initiée par des personnes qui habitent les lieux : des paysans alternatifs, des naturalistes, des travailleurs du marais ou des riverains qui sont amoureux de leur territoire, dit un membre des Soulèvements de la Terre. Depuis plusieurs années, ces personnes constatent la dégradation continue de leur milieu de vie, l’arrachage des haies, l’intensification de l’agriculture, la pollution des eaux, et cette transformation leur est devenue insupportable. » Tout part ainsi d’« une révolte sensible », ancrée dans un quotidien et une connaissance fine de ce bout de campagne. « Pour eux, ce n’est pas une lubie, c’est une question de survie. »

Cet enracinement donne moins de prise aux promoteurs des mégabassines pour discréditer le mouvement, estime Victor Vauquois. « Nous ne sommes pas hors…

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Auteur: Gaspard d’Allens Reporterre