Mégabassines : « Les pouvoirs publics démultiplient les effets des sécheresses »

Julien Le Guet, batelier, accompagne les intéressés voguer à la découverte de la biodiversité et de l’histoire du Marais poitevin. Pour le protéger, il est devenu porte-parole de Bassines non merci, un collectif de citoyens opposés à la construction de mégabassines. Dans le périmètre immédiat du Marais poitevin, il y en aurait une quarantaine. Ces bassins d’eau gigantesques, rendus étanches par des bâches en plastique, forment des lacs artificiels pouvant s’étendre sur plus de 15 hectares. Le but : irriguer les cultures de l’agro-industrie.


Reporterre — Pourquoi les mégabassines cristallisent-elles les tensions autour de la raréfaction des ressources en eau ?

Julien Le Guet — Les promoteurs de ces projets répètent sans relâche : « En hiver, l’eau est abondante alors ne la laissons pas regagner la mer, prenons la et stockons la jusqu’à la saison sèche. » Pourquoi pas ? On peut entendre cet argument. Sauf qu’en réalité, l’eau dont ils veulent s’emparer n’est pas celle de la rivière ni celle d’une crue. Non, pour remplir ces immenses cratères artificiels, des pompes vont chercher l’eau à plusieurs kilomètres de profondeur dans la nappe phréatique.

Cette eau du sous-sol est une réserve qui appartient à tout le monde. Protégée de la chaleur et déjà partiellement filtrée par le calcaire et le couvert végétal de surface, elle est moins polluée que l’eau des rivières qui subit de plein fouet les nitrates, les pesticides, etc. Nous devrions la sacraliser ! Elle est censée nous alimenter en eau potable, mais aussi alimenter rivières et marais pendant l’été. Au lieu de cela, elle est captée, privatisée et accaparée au profit de quelques grosses fermes ayant recours à l’irrigation massive. Des fermes qui font de l’agro-industrie, et non pas des petits légumes allant nourrir les marchés voisins.



Depuis le début de l’année, l’Hexagone enregistre un déficit pluviométrique de 35 %. Dans de telles circonstances, les mégabassines cessent-elles de pomper l’eau ?

Non. L’hiver est la saison précieuse au cours de laquelle les nappes phréatiques se rechargent. Seulement, au lieu de les laisser tranquilles, on les lessive pour remplir les mégabassines. Et ce, quel que soit l’évolution pendant l’hiver ! Cela s’est vérifié cette année. Dès la fin du mois de décembre, les préfectures locales de Charente-Maritime et des Deux-Sèvres ont interdit tout remplissage de retenues et plans d’eau, y compris pour les pisciculteurs. La consigne était très…

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Auteur: Emmanuel Clévenot (Reporterre) Reporterre