Mégabassines : militants et politiques dénoncent les financements publics

Orléans (Loiret), reportage

Une quinzaine d’agents des forces de police et des renseignements généraux forment une ligne à l’entrée de l’Agence de l’eau Loire-Bretagne en milieu de journée, jeudi 15 décembre. Séparés par une grille, près de 200 activistes antibassines entament des chants — « No basaran ! » —, montent un « banquet paysan », et déroulent des banderoles — « Pensées par nos parents, les mégabassines assoiffent nos enfants ». Un homme porte une veste kaki siglée « écoterroriste » : un clin d’œil aux mots du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin. Les manifestants accompagnent un groupe d’élus et de militants que l’agence a accepté de recevoir. C’est elle qui décide d’accorder, ou non, les subventions publiques à ces retenues d’eau géantes dédiées à l’agroindustrie en chantier dans une trentaine de départements. La requête des écologistes est simple : un « moratoire citoyen » et l’arrêt de ces subventions : « pas un centime de plus pour les mégabassines ».

« Le fait qu’il y ait un cordon de CRS devant cette maison de l’eau, qui est censée être celle de tous, c’est questionnant », déplore Julien Le Guet, l’un des porte-parole nationaux des collectifs Bassines non merci. Principal sujet du jour : trente nouvelles mégabassines sont en projet dans la Vienne. Elles sont prévues par le protocole Clain, ratifié le 4 novembre. Soit quelques jours à peine après la mobilisation à Sainte-Soline, un tournant dans la lutte antibassines. On apprend grâce à ce protocole que 14,9 millions d’euros de subventions publiques seront consacrées à onze de ces bassines de la Vienne. Dans les Deux-Sèvres, l’enveloppe d’argent public escomptée est de 74 millions d’euros pour seize bassines.

« Les rivières sont à sec, les poissons crèvent »

Pendant que la délégation est reçue, des soutiens venus de départements voisins patientent dans le froid mordant. Agnès, une habitante de Melle, dans les Deux-Sèvres, n’a pas raté une seule mobilisation nationale contre les mégabassines. « On habite dans une région où les rivières sont à sec, où les poissons crèvent », dit-elle simplement. Son compagnon, Michel, fustige un « marché déloyal : de l’argent public est versé au profit de l’argent privé. Cela nourrit la spéculation sur les terres agricoles, au lieu d’aller en direction des jeunes paysans ». De fait, un chantier comme celui désormais emblématique de Sainte-Soline est financé à près de 70 %…

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Auteur: Maïa Courtois Reporterre