Mégafeux au Chili : la faute aux monocultures de pins

430 000 hectares brûlés, 24 morts, plus de 3 000 blessés, 1 500 maisons détruites, plus de 6 000 personnes sans logement… C’est le bilan provisoire des incendies qui enflamment le centre-sud du Chili depuis début février. La superficie qui a brûlé dans trois régions chiliennes (Biobío, Ñuble, Araucania) dépasse déjà de moitié celle incendiée dans toute l’Union européenne en 2022. La France, l’Espagne, le Brésil ou encore les États-Unis ont envoyé des renforts matériels et humains. Malgré cette mobilisation internationale, plus de 80 feux sur 300 sont encore hors de contrôle.

La mégasécheresse que le Chili subit depuis treize ans et les vagues de chaleur qui traversent tout le pays depuis le début de l’été austral — de novembre à avril — sont pointées du doigt. Les effets du dérèglement climatique sont bien là, mais d’autres coupables expliquent la propagation vertigineuse de ces incendies.

L’industrie forestière aggrave les incendies

Pour les habitants des régions sous les flammes (Biobío, Ñuble et Araucania), il y a une sensation de déjà-vu. En 2017, ils avaient vécu les mêmes incendies dévastateurs, dont le bilan s’élevait à onze morts et 467 000 hectares brûlés.

Suite à ces premières tempêtes de feu, le Centre des sciences du climat et de la résilience (CR2) publiait, en 2020, un rapport recommandant déjà une régulation de l’industrie forestière : « Dans un scénario de changement climatique qui favorise l’augmentation de la fréquence, l’étendue et l’intensité des incendies, […] il est très important de générer des politiques visant à contrôler des espèces exotiques envahissantes [pins et eucalyptus principalement] et la restauration des écosystèmes indigènes pour réduire la probabilité d’événements catastrophiques. »

Le Chili compte plus de 3 millions d’hectares de plantations de pins et d’eucalyptus en monoculture. Les conséquences environnementales de cette activité ont été largement documentées par la science. « Les conditions plus sèches et chaudes sont propices à la propagation d’incendies, car il y a moins d’humidité, explique Alejandro Miranda, l’un des auteurs du rapport du CR2. Les plantations forestières extensives qui génèrent des paysages homogènes ont un potentiel inflammable élevé. »

« Un manque de contrôle sur…

La suite est à lire sur: reporterre.net
Auteur: Marion Esnault Reporterre