Menace de guerre en Méditerranée et cynisme des grandes puissances — Patrick LE HYARIC

L’Oruç Reis est enfin rentré au port mais le ministre Turc des affaires étrangères a prévenu : « N’y voyez surtout pas un pas en arrière ».

Dernier chapitre d’une longue série de bravades, voilà près d’un mois que ce navire de recherche d’hydrocarbure déployé par Ankara dans les eaux territoriales helléniques attisait les tensions entre la Grèce et la Turquie, pourtant supposées alliées puisque toutes deux membres de l’Otan.

Forages illégaux dans les eaux chypriotes, survol d’îles grecques par des chasseurs-bombardiers, le président Erdogan n’en est pas à ses premiers méfaits dans le secteur. Et celui qui avait déjà invectivé Emmanuel Macron en novembre dernier (« en état de mort cérébrale », 28/11/2019) n’hésite plus maintenant à le menacer directement (« Vous n’avez pas fini d’avoir des ennuis avec moi », 12/09/2020) pour mieux s’affirmer aux yeux du monde.

Fort d’un « régime de terreur » – pour reprendre les mots du prix Nobel de littérature Orhan Pamuk – instauré graduellement depuis son accession au poste de premier ministre en 2003, le réactionnaire Recep Tayyip Erdogan poursuit ses desseins impérialistes, après avoir purgé armée et administration publique, rempli ses prisons d’opposants (notamment les Kurdes qui sont traités comme des terroristes) et muselé la presse.

S’appuyant sur une rhétorique nationaliste néo-ottomane très agressive, la Turquie cherche avec lui à retrouver un rôle d’acteur de premier plan au niveau régional mais aussi sur la scène internationale, n’hésitant plus à défier les grandes puissances avec des positionnements audacieux sur des terrains explosifs tels que la Syrie, la Libye ou en Irak. Elle s’autorise à intimider des frégates françaises avec sa marine, violer l’embargo de livraisons d’armes en Libye, maintenir des…

Auteur : Patrick LE HYARIC
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