Menacés de dissolution, Les Soulèvements de la Terre répondent à Darmanin

Paris, reportage

Les Soulèvements de la Terre ne se laissent pas faire. Dix jours après l’annonce de leur dissolution par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, les avocats du collectif ont présenté leurs réponses aux griefs envoyés par son ministère. Vendredi 7 avril, ils se sont rendus place Beauvau espérant être reçus pour présenter leurs conclusions. Sans succès. « Ils ont considéré que nous n’étions pas des représentants des Soulèvements de la Terre, mais simplement des soutiens », a déclaré Ainoha Pascual, l’une des avocates du collectif.

Dans la lettre de grief que Reporterre a consultée, le gouvernement reproche aux Soulèvements « d’incite(r) et (de) participe(r) à la commission de sabotages et dégradations matérielles ». Or, aucune poursuite ou condamnation judiciaire n’a jamais été lancée à l’encontre des Soulèvement pour de tels actes. « Le gouvernement leur reproche des infractions pénales, qui ont notamment trait à la liberté d’expression. Il détourne ainsi la loi de 1881 et prive les Soulèvements de la Terre d’un procès en bonne et due forme, d’une procédure contradictoire », a déclaré Raphaël Kempf, autre avocat du collectif, devant les grilles dorées du bâtiment, avant d’être interrompu par les gendarmes qui ont ordonné au petit groupe de soutiens et de journalistes d’aller discuter plus loin.

Les Soulèvements de la Terre ne sont pas une association mais « un groupement de fait », selon le ministère. Ils peuvent donc être dissous grâce à la loi dite séparatisme.

Ignorant — volontairement ou pas — les logiques horizontales et décentralisées des Soulèvements de la Terre, le gouvernement a également cherché des « chefs ». Et c’est Benoit Feuillu, l’un des nombreux porte-paroles, qui a reçu la lettre de griefs. « Je suis loin d’être le seul porte-parole d’un mouvement composite, une coalition d’association, de syndicats, de collectifs. Le récit sur lequel se base le ministère est fallacieux », a-t-il déclaré.

« Dissoudre les Soulèvements ne nous arrêtera pas » 

Depuis l’annonce de cette dissolution, le collectif a reçu un tsunami de soutiens. Près de 65 000 personnes ont signé son appel, comme la romancière prix Nobel de littérature Annie Ernaux, le réalisateur Ken Loach, le philosophe Noam Chomsky ou encore l’actrice Adèle Haenel. Toutes et tous se disent aujourd’hui membres des Soulèvements de la Terre. Or, si jamais la procédure aboutissait, le Code pénal punissant de trois ans de prison le maintien ou la reconstitution d’un groupement dissous, les avocats interrogent : « Entendez-vous demander à vos procureurs de les envoyer tous et toutes en…

La suite est à lire sur: reporterre.net
Auteur: Laury-Anne Cholez Reporterre