Ménage, cuisine… les tâches quotidiennes, point de départ de toute révolution

Supposons que vous ayez envie de faire un gâteau au yaourt. Il vous faudra des œufs, de la farine, du sucre, de la levure et, naturellement, des yaourts. C’est la recette de pâtisserie la plus simple au monde. Mais sa simplicité vient notamment du fait qu’aujourd’hui, qui veut faire ledit gâteau ne fait plus qu’assembler les différents ingrédients. Vous êtes-vous jamais demandé d’où ils venaient ? Allez-vous vous-même récolter les œufs frais ? Moudre le blé en farine ? Brasser le lait pour obtenir les yaourts ? Comme beaucoup de Français (et l’auteur de ces lignes en fait partie), vous arrivez certainement au bout de la chaîne de production et vous vous contentez d’acheter ingrédients et ustensiles dans le supermarché du coin. Et, de fait, vous dépendez complètement de l’infrastructure technocapitaliste.

De cette lutte contre la dépendance quotidienne au capitalisme — et des moyens d’en sortir —, la sociologue du travail et du genre Geneviève Pruvost fait le point de départ de toute révolution digne de ce nom dans son dernier ouvrage, Quotidien politique (La Découverte, 2021). Le sous-titre — Féminisme, écologie, subsistance — a valeur de programme politique : pour accoucher d’une société égalitaire, féministe et écologique, il faut revenir aux économies de subsistance.

Repartons de la définition qu’en donne le Centre national de ressources textuelles et lexicales. La subsistance est tout d’abord « ce qui permet l’existence matérielle d’un individu, d’une collectivité », puis, dans un sens plus restreint, toute « agriculture, économie qui répond aux besoins essentiels de la population mais ne permet pas d’excédent ». C’est ce second usage du terme que reprend à son compte Geneviève Pruvost. Soit un modèle économique dans lequel une communauté subvient à ses besoins de manière autonome, sans ingérence étatique ou capitaliste ni quête de profit.

Deux axes se dégagent à la lecture de l’ouvrage. D’une part, la réévaluation critique de celles que l’autrice nomme les « féministes de la subsistance », à savoir des anarchomarxistes et pionnières de l’écoféminisme dans les années 1970, comme Françoise d’Eaubonne, Silvia Federici, Maria Mies ou Vandana Shiva, auxquelles elle adjoint quelques penseurs hétérodoxes masculins comme Ivan Illich et Henri Lefebvre, philosophe marxiste penseur de la quotidienneté. D’autre part, une enquête anthropologique au long cours auprès de ceux qu’elle appelle les « alternatifs »

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Auteur: Reporterre