Mercenariat de détenus contre armée corrompue

Dans ce nouveau carnet de guerre, Jean-Marc Royer revient sur la stupéfiante rébellion du groupe Wagner le 23 et 24 juin dernier. Afin d’essayer d’éclaircir un conflit particulièrement opaque, il propose aussi la traduction de morceaux choisis d’un article de Veaceslav Epureanu paru sur le site d’opposition The Insider : Les dix problèmes clés de l’armée russe.

Le cuisinier, un voleur infâme et ses diamants : fuite et fin provisoires
Prigojine n’a jamais constitué une opposition politique à Poutine. C’était son bras armé au Moyen-Orient, en Afrique et le fleuron de son « soft-power » dans le monde depuis plus d’une décennie. Les perquisitions récentes de l’un de ses « manoirs » ont donné une idée de la fortune personnelle accumulée et celle des locaux du groupe Concord à Saint Pétersbourg, une idée de ses investissements capitalistiques. Mais il se trouve que ses juteux marchés avec les institutions publiques, les bénéfices de ses nombreuses entreprises, ses fabuleuses rapines en Afrique, son usine à trolls et une milice lourdement armée ont donné de facto à Prigojine une place politique importante dont il n’était pas politiquement à la hauteur.

À partir du moment où il a acquis un poids non négligeable sur le front du Donbass, notamment grâce aux autorisations qui lui furent données de recruter 50 000 prisonniers en dehors de toute légalité, il ne s’est pas privé de dire ce qu’il pensait des chefs militaires qui, très certainement, contingentaient ses armes et ses munitions afin de circonvenir ses ambitions et son rôle grandissant dans la guerre : il pouvait être une concurrence dangereuse et ce fut le cas, puisque Bakhmout a été la seule conquête russe depuis juillet 2022 et que Prigojine s’en vantait.

C’est de ce poids militaire – acquis par la chair à canon nouvellement enrôlée dans les prisons – qu’il a sans cesse invectivé les chefs qui tentaient, eux,…

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Auteur: dev