Métamorphoses : Actéon, Giordano Bruno et nous

« Nos exaequat victoria caelo »

Qui suis-je ? Un pauvre humain de la forêt.
Je suis un homme qui se contente de chasser
à qui on n’a donné qu’un arc et ses fidèles
ainsi que les arbres qui cachent le soleil.
J’ai des yeux attirés par une grande beauté :
est-ce une splendide déesse en train de nager ?
Tout semble magique même le regard sévère
de cette déesse audacieuse nue en plein air,
même l’eau qu’elle lance semble d’un autre monde.
S’agit-il d’un joli rêve qui inonde
mon âme qui désormais très lointaine se voit
dans le miroir de nature qui fait fuir la joie ?
Ma vie s’inverse : mon ennemi est mon ami
et mes plus grands fidèles sont mes ennemis.
Enfin c’est quoi ce fameux sort de la déesse ?
Une punition ou bien une douce gentillesse ?
Lorsque je regarde et je vis avec mes nouveaux amis
mon seul regret à mon égard est d’avoir utilisé un arc.

« Car la vérité s’y avère complexe par essence, humble en ses offices et étrangère à la réalité, insoumise au choix du sexe, parente de la mort et, à tout prendre, plutôt inhumaine, Diane peut-être… Actéon trop coupable à courre la déesse, proie où se prend, veneur, l’ombre que tu deviens, laisse la meute aller sans que ton pas se presse, Diane à ce qu’ils vaudront reconnaîtra les chiens… ».

Lacan invite les Actéons à ralentir leurs courses. La raison en est que la vérité demeure irrémédiablement différente par rapport à l’homme. Inutile de se lancer devant ses chiens pour embrasser directement la vérité. Diane saura distinguer les vraies pensées dans la forêt.

Giordano Bruno offre son interprétation du mythe d’Actéon dans un dialogue publié à Londres en 1585, Des fureurs héroïques. Son Actéon, à la différence de celui proposé par Lacan, ne peut pas accepter d’être choisi, la radicalité de sa démarche le lui interdit. Il n’arrêtera point sa course : il veut prendre la place divine, il…

Auteur: lundimatin
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