Métaux rares : la guerre en Ukraine risque de miner la transition écologique

La guerre en Ukraine a mis à mal les approvisionnements de l’Europe en pétrole, en bois, en automobiles et en huile de tournesol. Pourrait-il en être de même pour les métaux nécessaires à la transition énergétique ? C’est la question que pose le chercheur à l’université de Birmingham Gavin Harper dans un article publié dans The Conversation. Selon ce spécialiste des matériaux critiques et stratégiques, le conflit mené par le régime de Vladimir Poutine pourrait perturber l’approvisionnement de l’Europe en métaux, et « paralyser » le déploiement des véhicules électriques, des éoliennes et autres technologies décarbonées.

La Russie, rappelle-t-il, produit 37 % du palladium et 12 % du platine mondiaux. Ces métaux sont utilisés pour confectionner des catalyseurs (qui permettent de diminuer le taux de polluants dans les gaz d’échappement des véhicules, notamment hybrides) et des électrolyseurs (utilisés pour produire du carburant hydrogène « vert »). La Russie représente également 10 % de la production mondiale de nickel, l’un des composants des batteries des voitures électriques. À elle seule, elle comble 20 % des besoins européens en la matière. « C’est assez important », note le journaliste et spécialiste de la géopolitique des matières premières Guillaume Pitron. Quelques jours après l’invasion de l’Ukraine, en raison de la perturbation des chaînes d’approvisionnement, le prix du nickel a quintuplé à la bourse des métaux de Londres, et atteint le record historique de 101 365 dollars (environ 94 000 euros) la tonne.

Des prix qui explosent

Avec 4 % des parts de marché, la Russie fait partie des principaux producteurs de cobalt (un autre ingrédient des batteries des voitures électriques). Moscou exploite également du cuivre et de l’aluminium, dont sont gourmands les panneaux photovoltaïques et les turbines éoliennes. Le prix de l’aluminium a lui aussi flambé quelques heures après l’annonce par le président russe d’une « opération militaire » en Ukraine. « Les acteurs du marché craignent clairement que l’approvisionnement en aluminium de la Russie ne soit affecté en cas de sanctions sévères de l’Occident et — probablement — de mesures de représailles de la part de la Russie », avait déclaré à l’AFP Daniel Briesemann, analyste au sein du groupe bancaire allemand Commerzbank.

La région du Donbass, en Ukraine, possède quant à elle des réserves gigantesques de lithium, « l’or blanc » indispensable aux batteries des…

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Auteur: Hortense Chauvin (Reporterre) Reporterre