C’est un procès emblématique de l’impunité dans les meurtres de militants de l’environnement. Le 20 juin, un tribunal hondurien a condamné à vingt-deux ans et six mois de prison Roberto David Castillo, ancien officier des renseignements militaires formé aux États-Unis, impliqué dans le meurtre de Berta Cáceres. Militant autochtone du Honduras, lauréate en 2015 du prix Goldman pour l’environnement, elle a été tuée par balles dans son lit dans la nuit du 2 mars 2016, juste avant son 45e anniversaire.
Berta Cáceres avait organisé la résistance du peuple Lenca au barrage hydro-électrique Agua Zarca, financé par des fonds internationaux, sur le fleuve Gualcarque.
Roberto David Castillo a utilisé ses contacts et compétences militaires pour surveiller Berta Cáceres pendant des années, et payé des indics pour obtenir des informations transmises aux dirigeants de l’entreprise. Il a coordonné, planifié et reçu de l’argent pour payer l’assassinat exécuté par sept personnes, déjà condamnées en 2018 à des peines allant de trente à cinquante ans de prison. Le tribunal avait jugé aussi que le meurtre avait bien été ordonné par les dirigeants de Desarrollos Energéticos (Desa), la société constructrice du barrage, pour stopper les retards et les pertes financières que les manifestations lancées par la militante causaient à la société.
Les vrais responsables courent toujours
L’ONG Soa Watch, la plus grande organisation communautaire de solidarité avec l’Amérique latine aux États-Unis, considère que ce procès est une avancée importante, même si « les cerveaux du crime jouissent toujours de l’impunité grâce à leur pouvoir politique et économique », déplore-t-elle. Il semble que le parquet hondurien ait en effet bien tenté d’éviter de désigner les auteurs intellectuels responsables du meurtre de Berta Cáceres. Le parquet n’a notamment pas cherché ni présenté de preuves sur l’origine de l’argent qui a servi à payer les assassins et n’a même pas proposé à la cour de faire examiner par un expert financier les comptes de Roberto David Castillo et des sociétés qui lui sont liées. La famille Atala Zablah, qui aurait aidé à organiser le meurtre, n’a pas été inculpée et n’a pas comparu devant le tribunal, ni certaines des sociétés finançant le projet.
Les documents « démontrent que les autorités honduriennes, panaméennes, néerlandaises et même étasuniennes ont encore plusieurs pistes d’enquête financière à explorer », a déclaré au magazine The…
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Auteur: Élisabeth SCHNEITER Le grand soir