Michel Butel, écrivain et inventeur de journaux réflexifs

Jean Claude Leroy nous présente cette semaine Michel Butel, une figure bien méconnue des années post 68, à l’occasion de la sortie en librairie de plusieurs ouvrages rassemblant ses écrits.

Aux côtés de philosophes, artistes et jeunes révolutionnaires (dont notamment Claire Parnet, Marguerite Duras ou Gilles Deleuze) Butel lancera une première revue, L’autre Journal, puis sera le seul rédacteur de L’Azur dans les années 90.

Révolutionnaire optimiste, du genre à « foutre son poing dans la gueule d’un examinateur lors de l’oral du BAC », Michel Butel a dédié une bonne partie de sa vie à la création d’un journal sans journalistes, où textes d’analyses politico-philsophiques signés par Foucault, Lyotart, Stengers côtoient pronostics sportifs approximatifs et analyses de programmes télévisuels. Un projet qui résonne particulièrement avec ce qu’on essaye modestement de faire ici chaque semaine.

« Je ne peux faire que ce qui sort de moi. »

Michel Butel

Au moins quelques amis et moi, et quand même quelques milliers d’autres, nous avons aimé Michel Butel dans ses aventures éditoriales ; sans jamais le rencontrer ni chercher à le connaître, il suffisait d’aimer lire et d’être aux aguets. Reclus bien plus encore qu’aujourd’hui, je découvris soudain, c’était en décembre 1984, L’Autre journal, un mensuel audacieux par sa profusion, ses gestes amoureux d’admiration, son courage politique. On y buvait les raisonnements des philosophes, les mots des créateurs, les images de vrais regardeurs, les poèmes qui s’écrivaient alors, les emportements, les humeurs, les erreurs, tout cela était absolument défendable, en dépit de quelques pages de publicité et des faiblesses progressistes de l’époque (la gauche était pour une large part déjà hideuse, mais subsistait tout de même quelque chose de l’élan de 68, un vent du large qui faisait que la liberté restait une évidence). À la rédaction : Claire Parnet, Nadia Tazi, Catherine Cot, Antoine Dulaure. Gilles Deleuze qui en était une figure tutélaire, Hervé Guibert et Marguerite Duras, des anges gardiens, et, comme conseillers et auteurs, des personnalités telles que Paul Virilio, Michel Cournot, Elias Sanbar, Alain Veinstein ou Francis Marmande. 

« Citez-moi un écrivain, un peintre, un cinéaste qui ne soit empêché ? Doublement : par la société, par lui-même.

Citez-moi un philosophe vivant qui ne soit conforté, aidé, crétinisé. Doublement : par la culture au pouvoir, par la vie qu’il mène.

J’en…

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Auteur: lundi-matin