Michel de Montaigne : Artisan de la laïcité diversitaire.

Un bronze souvent frotté ou caressé finit par se dépouiller de sa couche oxydée. Il y a un pied de bronze que les étudiant•es du quartier latin parisien viennent effleurer pour se porter chance aux examens. C’est pourquoi ce pied-là n’est pas vert sombre mais reste éclatant. Ce pied, c’est celui d’une statue de Montaigne. Si la bourgeoisie et la petite bourgeoisie envoient leur jeunesse s’agenouiller devant des fétiches en métal – Mustapha Saha, dans ce texte, nous propose d’en caresser l’esprit animateur. Montaigne est un sceptique heureux qui, sans prendre de parti dogmatique a priori, sans chercher à systématiser un propos d’ensemble, a pu critiquer d’une manière exceptionnellement rigoureuse et radicale toutes les médiocrités sanguinaires de son temps : l’asservissement de l’animal, la cruauté des tyrans, l’européocentrisme colonial au nouveau monde, ou les horreurs de l’Inquisition. C’est pourquoi Mustapha Saha y voit un allié « diversitaire » pour repenser une politique vraiment « laïque », c’est-à-dire populaire, dépouillée des prétendus « pacifismes métaphysiques » qui semblent n’avoir de consistance qu’à mesure du sang versé en leur nom.

Michel de Montaigne travaille dans sa bibliothèque, nichée dans une tour de son château, où les œuvres d’Aristote, d’Avicenne (Ibn Sina), d’Averroès (Ibn Rochd) occupent une place centrale. « Je passe dans ma bibliothèque et la plupart des jours de ma vie et la plupart des heures du jour ». « Là, je feuillette à cette heure un livre, à cette heure un autre, sans ordre et sans dessein, à pièces décousues ; tantôt je rêve, tantôt j’enregistre et dicte, en me promenant, mes songes que voici ». Montaigne installe sa librairie, microcosme circulaire où la liberté se goûte dans la solitude, comme un poste stratégique, où il se protège des tumultes extérieurs, préjudiciables à la sérénité du penseur,…

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Auteur: dev