Mieux penser le fact-checking en temps d’infodémie

Loin de faire l’unanimité, la pratique du fact-checking soulève des questions épistémologiques qui sont au cœur à la fois du journalisme et de la sociologie des sciences. L’analyse d’un corpus d’articles scientifiques pendant la pandémie de Covid-19, contexte propice au développement de cette pratique, révèle l’existence de plusieurs approches pour étudier le fact-checking.

La vérification des faits a toujours été une activité centrale de la routine journalistique. Cependant, le fact-checking moderne, c’est-à-dire la pratique systématique de la vérification des déclarations politiques, des canulars, des rumeurs, etc. comme moyen de lutter contre la désinformation, s’est fortement développé depuis les années 2000. Considéré comme la conséquence de l’expansion de l’internet participatif et des médias sociaux numériques, il a connu une poussée extraordinaire à partir de 2016 (Brexit, élection du président Donald Trump aux États-Unis), et plus encore à partir de 2020 dans le contexte de la pandémie due au coronavirus SARS-CoV-2.

La pandémie de Covid-19 : un contexte propice au développement du fact-checking

En effet, face à l’« infodémie » au sujet du Covid-19, plusieurs rédactions et médias d’information, observatoires et régulateurs, instituts de recherche, les Nations unies, ainsi que l’Organisation mondiale de la santé ont pris de initiatives pour lutter contre la désinformation en tentant d’identifier et de réfuter les fausses nouvelles. Les organisations et équipes dédiées au fact-checking (FactCheck.org, First Draft, PolitiFact, Taiwan Fact-Check Center, PesaCheck, BoomLive, Dubawa, Lead Stories, Pagella Politica, EUFactcheck.eu, etc.) ont également travaillé sur la vérification de contenus suspects.

La CoronaVirusFacts Alliance a été mise en place par l’International Fact-Checking Network (IFCN), ralliant progressivement des fact-checkeurs dans 110 pays, ayant effectué plus de 17 000 vérifications dans 40 langues, à l’heure où nous écrivons ces lignes. Des initiatives à l’instar du projet pilote CALYPSO (Collaborative AnaLYsis, and exPOsure of disinformation, 2021-2022), dans le cadre duquel cette étude a été menée – attribué en réponse à l’appel de la DG Connect/2020/5464403 de la Commission européenne–, ont également vu le jour.

Une pratique contestée

Cependant, des voix s’élèvent pour mettre en garde contre les

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Auteur: Angeliki Monnier, Professeure en Sciences de l’information et de la communication, directrice du Centre de recherche sur les médiations, Université de Lorraine