Migrants climatiques, des Péruviens refont leur vie dans le désert

Région de Piura (Pérou), reportage

Pour rendre visite aux déplacés climatiques depuis Piura, à l’extrême nord du Pérou, il faut d’abord rejoindre la Panaméricaine nord. Le long de cette route se trouvent plusieurs regroupements. L’un d’eux est communément appelé « le kilomètre 980 » car son accès est à ce niveau. Une demi-heure de taxi et une dizaine de minutes à pied plus tard, sur un chemin où se croisent motos-taxis et charrettes, les premières habitations se dessinent au milieu d’un paysage fait de sable et d’arbustes. Dans ce décor désertique, environ deux mille familles vivent dans des constructions précaires faites de paille, plaques de bois et autres matériaux peu coûteux au sein de huit « villages ».

© Gaëlle Sutton/Reporterre

La raison de l’exil ? En mars 2017, le phénomène climatique El Niño, courant marin saisonnier dans le Pacifique sud, a entraîné des pluies intenses provoquant le débordement du fleuve Piura et des inondations dévastatrices. Au total, 300 000 personnes ont été déplacées dans le pays de 33 millions d’habitants, selon l’Organisation internationale des migrations. José Juan Morales habitait sur les bords du fleuve. Debout à l’entrée de sa cabane — il vient de rentrer de sa parcelle en compagnie de sa jument, Berta — il se souvient du jour où il est arrivé ici : « Les forces armées nous ont évacués avec des hélicoptères. » Sa voix se coupe. Les larmes lui montent aux yeux. Il reprend : « Il y a eu des morts. Nos animaux, tout ce qu’on avait, nos maisons, tout a été emporté. On a tout perdu. On était encerclé par les eaux. Ils nous ont évacués dans cette zone. » L’homme de 68 ans vit désormais à une vingtaine de kilomètres de ces rives. Selon un rapport de l’Institut national de défense civile (Indeci) de 2017, au moins 138 personnes sont mortes à travers le pays.

Environ deux mille familles vivent dans des constructions de bois, de paille et de tôle. © Lysandra Chadefaux/Reporterre

Sur les hauteurs du kilomètre 980, Lucy Santoval Zapata élève cochons et chevaux. L’agriculture est l’activité principale de la plupart des habitants. Le quotidien s’organise autour de la culture du maïs, du coton, des haricots et de l’élevage des animaux — qu’ils mangent et vendent. Sans eau courante ni électricité depuis leur arrivée, les journées se font au rythme du soleil. « À partir de 18 heures, la nuit tombe. On se retrouve plongé dans le noir, donc nous allons nous coucher. On allume…

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Auteur: Reporterre