« Migrants », « réfugiés », « illégaux », « candidats à l’asile »… comment les politiques et les médias désignent les personnes en déplacement

L’analyse de plus de 13 000 articles de presse et 3 400 journaux télévisés montre la grande diversité des termes utilisés pour désigner les personnes en déplacement – une terminologie qui influence profondément le regard porté sur elles.


Les termes utilisés dans les médias pour désigner les personnes en déplacement (une formule encore peu répandue en France mais qui tend à s’imposer comme une expression neutre et inclusive dans les sphères internationales, notamment au sein d’organisations comme l’Organisation internationale pour les migrations (OIM)) ne sont jamais neutres : ils révèlent, souvent malgré eux, des rapports de force politiques et idéologiques.

La catégorisation – et donc le mot utilisé pour désigner une catégorie – manifeste un rapport de pouvoir. Dans le contexte de la « crise migratoire » européenne, l’usage des catégories est devenu fortement politisé, et varie largement selon le contexte discursif. De plus, la catégorisation et la nomination dans le discours médiatique influencent grandement l’opinion publique.

Dans le cadre de ma thèse de doctorat, j’ai examiné plus de 13 300 articles de presse et 3 490 journaux télévisés diffusés en Belgique entre mars 2015 et juillet 2017. À travers une analyse lexicale du discours médiatique, ce travail documente le répertoire de dénominations utilisées pour nommer les personnes en déplacement et l’évolution du sens de ces termes dans les médias belges. La recherche dévoile plus de 300 dénominations et désignations différentes, allant des plus établies (réfugié, migrant, demandeur d’asile) à des formes plus fugitives ou créatives : personnes qui cherchent une vie meilleure, clients, amis, etc.

La porosité du langage médiatique aux discours politiques

Cette productivité lexicale s’explique par le besoin des journalistes et des responsables politiques de nommer de nouvelles situations ou des cas…

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Auteur: Valériane Mistiaen, Postdoctoral fellow, Vrije Universiteit Brussel