Militantisme et souci de soi radical

Comment consacrer un ouvrage à Angela Davis sans ajouter un cierge à l’icône ? Comment rendre hommage sans héroïser la personne ? C’est ce que fait Najate Zouggari dans ce petit livre d’ores-et-déjà essentiel et qui s’intitule, tout simplement, Davis. Construit à la fois de façon biographique et thématique, il offre des outils pour garder en nous, en ces temps qui incitent souvent au découragement, la flamme du militantisme. On y trouve des rapprochements et des éclairages précieux, qui contrarieront autant – c’est attendu – les tenants d’un féminisme mainstream, white, néolibéral ou nettoyé au bain du développement personnel, que les radicales et les radicaux en quête de figures héroïques, sans peur et sans reproche. « Vers un féminisme non hégémonique et pluriversel », écrit Najate Zouggari, c’est-à-dire sur la route ou plutôt sur les routes qui nous mènent, loin d’une « conception eurocentrée et libéral, adoptée par un féminisme hégémonique au service des puissant-es » (p. 50), vers une pluralité d’expériences, de pratiques, de modes de pensées, et de formes de résistance. Ce féminisme, nous dit encore l’autrice, prend appui sur « le soin de soi radical », le radical welfare. De quoi s’agit-il ? C’est ce qu’explique Najate Zouggari dans cet extrait qu’elle ainsi que l’éditeur nous ont permis de reproduire, en ce jour de la publication d’un livre à lire absolument.


Outre l’amitié, le féminisme pluriversel et non hégémonique prend appui sur le soin de soi – ou le souci de soi – radical (radical selfcare). Il ne s’agit pas de vanter les mérites du bain moussant ou les bienfaits de la manucure, ni d’adopter une perspective néolibérale du soin comme moyen d’être toujours plus performant·e. En 2018, Angela Davis accorde au media Afropunk un entretien dans lequel elle explicite sa vision du soin de soi :

« Pendant longtemps, les militant·es…

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Auteur: Najate Zouggari