Mille gosiers pour une pensée

Décembre 2020. Une somme de 200 millions d’euros est mise en jeu par la loterie Euromillions et la présentatrice de BFM-TV s’inquiète : « On fait quoi avec tout cet argent si l’on gagne ? — On commence par le logement, avec cet hôtel particulier à 31 millions d’euros dans le 16e arrondissement, 1 300 mètres carrés, trente-deux pièces », répond Pierre Kupferman, le titulaire de la chronique Éco. Il conseille pour les loisirs « cette villa à 34 millions d’euros au bord du lac Léman et puis un château provençal du XIIIe siècle, avec 84 hectares dont 48 hectares de vignes ». Pour rallier ces propriétés, « le fleuron de Dassault, le jet Falcon 8X, à 48 millions d’euros » et « la voiture la plus chère du monde, une Bugatti à 17 millions d’euros ». Après quoi, « il vous reste 62 millions d’euros à placer à 4 % de rendement, ça vous dégage un revenu mensuel de 207 000 euros ». Quelques jours plus tard, surprise, le gagnant du pactole annonce qu’il veut en consacrer une grande partie à la création d’une fondation pour aider les hôpitaux. Ce chanceux ne doit pas regarder la télé et ses experts, tous d’obédience libérale. Des années qu’ils pourfendent l’État hypertrophié, ses services publics désuets, sa fiscalité confiscatoire, ses fonctionnaires privilégiés pour mieux vanter le monde enchanté de l’entreprise, ses hardis propriétaires et ses dirigeants visionnaires. Avec l’arrivée d’Emmanuel Macron au ministère de l’Économie, en remplacement d’Arnaud Montebourg, à l’été 2014, ces « éditocrates » se sentent pousser des ailes.

« Le capitalisme, c’est notre système social »

« Iconoclaste », « réformateur », « moderne », Emmanuel Macron devient vite « le ministre préféré des Français », selon les sondages commandés par des médias dont il est le ministre préféré. En 2017, son premier gouvernement fait l’unanimité sur BFM-TV. « Bruno Le Maire a la carrure d’un patron de Bercy », juge Emmanuel Lechypre, spécialiste économie. Le ministre des Comptes publics, « Gérald Darmanin, il a du talent, c’est quelqu’un qui sera efficace », loue Anne Rosencher, de L’Express. « Les personnalités de la société civile sont très intéressantes », note Ruth Elkrief. « On a des gens qui sont plongés dans les affaires », vante le politologue Roland Cayrol. « Il y a une femme passionnante, c’est Muriel Pénicaud, ministre du Travail, -s’emballe Guillaume Roquette, du Figaro. C’est…

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Auteur: Samuel Gontier Acrimed