Des collectifs citoyens qui s’opposent à l’implantation d’antennes 5G ou à l’installation de centres logistiques Amazon ; des voisins qui se réunissent pour refuser la pose de compteurs « intelligents » Linky dans leur immeuble ; des agriculteurs qui pointent du doigt les ravages du machinisme et rejettent l’agriculture connectée ; des professeurs qui dénoncent le recours aveugle aux « technologies éducatives » qui les coupent de leurs élèves ; des employés de Pôle emploi qui voient leur métier disparaître, remplacés par des algorithmes ; des ingénieurs qui constatent que leur profession participe de l’aggravation de la crise écologique et décident de claquer la porte avec fracas : quelque chose est en train de se passer. Des hommes et des femmes, dont le quotidien a été bouleversé par le déploiement du numérique, s’interrogent sur le sens d’un progrès qui partout détruit le lien humain, mine le vivre ensemble, dégrade les conditions de travail et l’environnement, et ne sert in fine que la quête de profits de quelques uns.
« Les data centers sont des vampires de l’énergie » : manifestation en Irlande, qui abrite de multiples centres de données qui provoquent des coupures d’électricité. © Tudi Crequer / Reporterre
Nous sommes allés à la rencontre de ces hommes et femmes. Des urbains et des ruraux, des jeunes et des moins jeunes, des militants de longue date, rompus aux luttes écologiques ou politiques, et des néomilitants. Beaucoup se sont intéressés au sujet parce qu’ils étaient personnellement touchés par ce que l’on qualifie encore de « progrès ». Une forme de « technocritique pragmatique » qui acte, selon nous, d’une démocratisation de la critique des technologies qui n’est plus seulement l’apanage d’intellectuels et d’activistes chevronnés. Car la technocritique, pour utiliser le terme forgé par l’ingénieur Jean-Pierre Dupuy en 1975, atteste d’une longue histoire, faite de flux et de reflux, de moments d’ouverture et de fermeture des controverses techniciennes. À ce titre, les deux dernières décennies écoulées ont résonné, de notre point de vue, comme un moment de sidération face à l’ampleur des transformations que nous avons vécues et l’intensité du discours technophile.
Une accélération sans précédent de l’informatisation du monde qu’il ne convenait pas de remettre en cause. Le premier iPhone a été commercialisé en 2007. Aujourd’hui, il se vend 1,35 milliard de smartphones par an alors que le parc…
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Auteur: Reporterre