« L’agonie s’achève en même tombe que l’extase »
Mina Loy
La vie de Mina Loy fut déchirée par les absents.
En 1903, elle a 24 ans. Elle a quitté Londres où elle est née, a étudié les beaux-arts à Munich et vit désormais à Paris. Elle est mariée à un peintre de peu de talent, Stephen Haweis, et donne la vie à une fille, Oda. Oda, qui ne vécut qu’une année, emportée par la méningite. De cette première union vinrent deux autres enfants. Une fille, Joella, en 1907 ; un garçon, Gilles, en 1909. Gilles, qui mourut à 14 ans, d’un cancer.
C’est à ce chevet que la poésie de Mina Loy brûle, enjoignant le tumulte à défier l’absence, dévoilant la tristesse en soufflant sur ses braises, comme dans Bébés à l’hôpital :
Ô petites choses
Je ne peux être votre mère
Il est déjà tant d’ignorances
Dont je ne suis pas coupable.
L’écriture de Mina Loy est un désaveu tonitruant de sa condition, emporté par une musique unique, lyrique-cinglante. Lassée par Haweis et fréquentant les salons futuristes de Florence avant la première guerre mondiale, elle se révolte contre leur conception des femmes et leur brutalité. Cette colère pollinise la rédaction d’un manifeste féministe radical perché sur une maxime :
La seule méthode est une démolition absolue.
Poétique de la condition féminine révolutionnaire, qu’on retrouvera idéaliste, bien plus tard, dans Présage de victoire :
Des femmes en uniforme
se détendent à l’heure du thé
à l’ombre d’un arbre du jardin
et découvrent
une plume de colombe
tombée dans le sucre.
Son œuvre peinte et ses premiers textes commençaient à intéresser les groupes d’Avants-Gardes au moment où la guerre éclata. Elle expose à Londres, Rome. Flattée par ce bruit, ne supportant plus les soubresauts bellicistes des futuristes, le 15 octobre 1915, elle part pour New-York. Joella et Gilles sont confiés à une nourrice.
Là-bas, le vacarme de la poésie devait prendre ses aises, quelques temps plus tard, au milieu d’un salon. Conrad Arensberg et Louise Stevens avaient un appartement rutilant où les formes étaient de soleil, les soirées coiffées de débats incontrôlables et de stupéfiantes rencontres, où Duchamp régnait en peintre impossible, où les Picabia riaient au nez du monde. C’est dans ce salon que, début 1917, un homme étrange, vêtu d’un drap et la tête enserrée dans une serviette, apostrophe Mina Loy. Son nom : Arthur Cravan. Il lui donne une…
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Auteur: Blast info