Mineurs isolés, la double peine – En Moselle, la contestation de minorité avant la santé (2/2)

Lire le premier épisode de notre série : « Semaï, jeté à la rue avec sa jambe tordue »

Nanou n’a pas eu peur quand elle a entendu Éric Zemmour qualifier les mineurs non accompagnés (MNA), le 29 septembre sur CNews, de « voleurs », « violeurs » ou encore d’« assassins », suite à l’attaque au hachoir du 25 septembre dernier perpétrée par un Pakistanais qui avait menti sur son âge pour bénéficier du système de protection de l’enfance. Pourtant, depuis 2017, elle a accueilli une vingtaine de jeunes exilés qui souhaitent être reconnus MNA dans sa maison à Faulquemont, en Moselle. « Regardez sa bouille. Vous lui donnez 18 ans ? Je lui en donne 16, pas plus », dit-elle en présentant Bakary*, qui a rejoint le foyer mi-septembre (1)

Cette maman de 47 ans élève avec son mari ses cinq enfants. « Si on ajoute les mineurs suspectés de majorité par le Département, la jauge des jeunes dont on s’occupe peut monter jusqu’à huit, rigole-t-elle. On sert, en quelque sorte, de famille d’accueil d’urgence pour eux». Bakary n’a pas été reconnu mineur suite à son évaluation de minorité et d’isolement réalisée par l’Aide sociale à l’enfance (ASE), service placé sous l’autorité du président du conseil départemental. « L’entretien que j’ai eu pour mon évaluation de minorité a duré à peine vingt minutes, raconte-t-il. Ils m’ont dit que j’aurais dû rester à Strasbourg pour faire un recours. Mais à Strasbourg, l’ASE m’a viré parce que je n’avais pas de documents d’identité… » 

Où seraient Bakary et les autres en ce moment, si Nanou ne les hébergeait pas bénévolement ? « Je ne fais pas ça pour pallier les carences de l’État, précise celle que Bakary appelle sa nounou. Je sais juste que si personne ne les recueille comme ça, de manière informelle, ces jeunes n’ont absolument rien. Ils ont subi des violences inimaginables sur la route de leur exil. Mais ils me disent que ce qui leur fait le plus mal, c’est de…

Auteur: Le Média
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