Mini harpons et protéine urticante, les armes redoutables des chenilles processionnaires

Forêt domaniale de Sarrebourg (Moselle), reportage

Les papillons virevoltent, les oiseaux gazouillent, les arbres offrent une ombre rafraîchissante. Une saison idéale pour aller se promener en forêt ? Pas vraiment. En ce mois de juin, les pollens nous font éternuer, les moustiques nous piquent, et les chenilles processionnaires nous irritent. Romain Jacquemin et Hubert Schmuck, experts de l’Office national des forêts, nous emmènent dans la forêt domaniale de Sarrebourg en Moselle à la rencontre de la processionnaire du chêne, cousine de celle du pin. Depuis quelques années, ce lépidoptère « ravageur », présent en Europe de l’Ouest, notamment dans les régions du nord et de l’est de la France, fait beaucoup parler de lui. Depuis le 25 avril, un décret le classe même comme espèce nuisible à la santé humaine.

Quelques faisceaux de lumière percent les feuillages et éclairent les sentiers de la forêt. Ces bois humides aux températures douces sont un éden pour la biodiversité. La chenille processionnaire du chêne en fait partie. D’arbre en arbre, cette espèce grégaire ne se déplace jamais sans ses consœurs. Comme toute chenille, les processionnaires du chêne fonctionnent par cycle. Un cycle dure un an et se décompose en trois phases. Après l’accouplement des papillons, la ponte a lieu début août. « La ponte représente un amas d’un à deux centimètres de long et cinq millimètres de large pour environ 100 à 200 œufs qui sont protégés du froid par une petite couverture d’écailles jusqu’à fin avril », diit Hubert Schmuck. Ensuite, la phase larvaire comprend six stades de chenilles – entre chaque stade elle va « muer », c’est-à-dire changer de peau. Lors de la phase nymphale, les chenilles forment un cocon pour devenir des papillons. « C’est à partir du troisième stade larvaire que la processionnaire est urticante », dit le spécialiste.

« L’an dernier, il y avait des nids parfois longs de deux mètres. » Hubert Schmuck

Chaussures de randonneurs aux pieds et jumelles autour du cou, les deux agents de l’Office national des forêts s’arrêtent de temps à autre. Ils observent le ciel, surveillent le haut des arbres, cherchent les nids. « Cette année, ce sont de plus petites colonies, situées à vingt mètres de haut, dit Romain Jacquemin, formant avec ses bras un nid invisible de la taille d’un ballon de baudruche géant. L’an dernier, il y avait des nids parfois longs de deux mètres. »

« C’est comme se baigner dans un paquet d’orties »

La…

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Auteur: Clémence Michels Reporterre