Au Jardin des Plantes, rive gauche à Paris, les promeneurs ont parfois la surprise d’entendre un joggeur crier « Ataï ! » au moment où il croise un certain orme blanc. C’est Edwy Plenel, qui – il le confie dans ce nouveau livre d’intervention, Le jardin et la jungle – ne manque jamais de saluer au passage, en prononçant son nom, les mânes d’un grand chef kanak tué par l’armée coloniale française en 1878. L’arbre a été planté en mémoire d’Ataï il y a dix ans, lorsque la France s’est décidée à restituer son crâne (conservé jusqu’alors dans les collections du Muséum d’histoire naturelle) afin qu’il trouve sépulture en Kanaky.
Tout le propos de ce petit livre, sous-titré Adresse à l’Europe sur l’idée qu’elle se fait du monde, consiste à opposer un double démenti aux prétentions occidentales de constituer une civilisation fondée sur l’humanisme, dont l’action au-dehors serait conforme aux principes universels du droit. Démenti, d’abord, par l’histoire et l’actualité du colonialisme – depuis les conquêtes sanglantes du XIXe siècle jusqu’au nettoyage ethnique de la Palestine, en passant par les innombrables exactions et hécatombes subies par les « indigènes ». Démenti, aussi, par le passé et le présent des penchants autoritaires et racistes au sein même de l’Occident – du triomphe des fascismes d’hier à la montée de ceux d’aujourd’hui en passant par le judéocide lors de la Seconde Guerre Mondiale, au plus atroce des ténèbres européennes.
« L’Europe est un jardin » où « tout fonctionne », avec « la meilleure combinaison de liberté politique, de prospérité économique et de cohésion sociale que l’humanité ait pu construire », a déclaré en 2022 Josep Borell, haut représentant de l’Union Européenne pour les affaires étrangères… afin de mieux avertir que « la plus grande partie du reste du monde est une jungle, et la jungle…
La suite est à lire sur: www.lemediatv.fr
Auteur: Le Média