Mise au point sur le Rojava

Pourquoi une mise au point sur le Rojava en 2024 ? A la fois au hasard de discussions, mais aussi parce que la forme la plus répandue de mythologie militaro-révolutionnaire sur le Rojava est réapparue en appui idéologique d’un engagement « anarchiste » dans la guerre en Ukraine, jusqu’à la valorisation du parcours de personnes étant passées d’une guerre à l’autre. Un engagement militaire au Rojava est à cette occasion présenté « naturellement » comme faisant autorité pour justifier de rejoindre les troupes ukrainiennes « en tout état de cause », la cause étant entendue gauchiste ou « anarchiste ».

Au-delà de cette actualité, l’éventail de questions soulevées par le « soutien au Rojava révolutionnaire » touche à tous les aspects essentiels de cette société auxquels se confronte plus que jamais l’aspiration révolutionnaire, tels que le rapport social capitaliste, la nature de l’État, le cours général vers la guerre.

Le nœud de la question du Rojava et de tous ses développements est à chercher dans son origine, d’où l’intérêt de relire aussi des analyses d’il y a une dizaine d’années. Le présupposé de beaucoup de défenseurs de « la révolution au Rojava », c’est l’amalgame entre la contagion des révoltes du « printemps arabe » en Syrie en 2011 et son enterrement en règle, notamment dans le cadre national kurde. Non, l’« Administration autonome du Nord et de l’Est de la Syrie » – selon l’appellation officielle du « Rojava » sur la scène diplomatique internationale depuis 2018 – n’est pas l’émanation d’une lutte émancipatrice, révolutionnaire, avec ses forces et ses limites, c’est bien au contraire ce qui s’est organisé politiquement pour reprendre les choses en main, dans le cadre étatique et capitaliste. Comme le soulignaient Gilles Dauvé et Tristan Leoni en 2015 :

« Ladite révolution de juillet 2012 correspond en fait au retrait des…

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Auteur: IAATA