Mitia Fedotenko : « L’art dans la guerre »

Chorégraphe et danseur russe installé en France depuis une vingtaine d’années, Mitia Fedotenko multiplie, depuis l’invasion russe en Ukraine du 24 février, les passerelles entre artistes russes et ukrainiens — tout comme les prises de position à l’encontre du régime de Vladimir Poutine. À la question « avez-vous peur pour votre sécurité,́ même ici en France ? » l’artiste rigole en rallumant sa cigarette et répond, « je ne vous dirais pas non, ce ne serait pas vrai : mais dès que cette peur pénètre mon esprit, je l’en chasse immédiatement. ». Interview d’un artiste russe aux origines ukrainiennes, entre activisme et lucidité.

 

Depuis le début de la guerre en Ukraine, vous multipliez les prises de position dans les médias, que ce soit sur le plan politique ou artistique. De quelle manière percevez-vous la situation actuelle, en tant qu’artiste russe vivant en France ?

 

Personnellement, je suis révolté contre cette situation. On met tous les Russes dans le même bocal : je subis à la fois des pressions des Russes – ceux qui soutiennent la guerre menée par V. Poutine – et des Ukrainiens. D’un côté, on me prend pour un traître, de l’autre, on me demande si je suis « un vrai ukrainien » : la nuance est difficile à faire entendre dans ce contexte. Il faut faire la distinction entre un peuple et son gouvernement. Je suis russe, oui, c’est un fait, mais cela ne signifie pas nécessairement que je soutiens la politique de Poutine. Toutes mes initiatives personnelles et artistiques vont à l’encontre de ce postulat.

 

Qu’avez-vous mis en place concrètement depuis ces derniers mois ?

 

Sur le plan personnel, j’ai accordé plusieurs interviews où mon positionnement ne suggère aucune ambiguïté, notamment pour le Midi Libre, Lundi Matin ou encore le magazine culturel montpelliérain Lokko. Le 1er décembre, nous avons organisé, avec Nathalie Brun, coproductrice du festival dansePlatForma, un café citoyen au bar le Dôme, à Montpellier, sur le thème « être un artiste en temps de guerre », ou comment continuer de créer en temps de guerre, pour les artistes russes, ukrainiens, européens… C’était un évènement citoyen avant tout.

Au niveau artistique, nous avons également initié deux journées de solidarité envers les artistes russes et ukrainiens dissidents sur le thème « Être un artiste en temps de guerre » au théâtre Le Dansoir de Karine Saporta, à la fin du mois de novembre.

 

Pour vous, quel est l’intérêt d’une telle…

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Auteur: La rédaction