Mohamed Hassan sur le monde multipolaire : « Le néocolonialisme est mort » — Grégoire LALIEU

La stratégie du chaos

En dehors de l’Europe, le monde semble peu enclin à suivre les États-Unis dans leur guerre économique contre la Russie. L’OPEP vient par ailleurs d’infliger un camouflet à Joe Biden en refusant d’augmenter la production de pétrole. Il y a onze ans, dans La Stratégie du Chaos, vous évoquiez la transition vers un monde multipolaire avec le déclin de l’impérialisme étasunien d’une part, et d’autre part, la montée en puissance des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud). Le monde multipolaire est-il une réalité concrète aujourd’hui ?

Nous vivons effectivement un moment historique qui marque la fin de l’hégémonie des États-Unis. Après la chute de l’Union soviétique, l’empire étasunien était la seule superpuissance. Il était capable d’imposer sa volonté au reste du monde. À travers des institutions internationales telles que le FMI et la Banque mondiale qui ont permis aux multinationales de piller les ressources du Sud. Ou à travers la force militaire quand des gouvernements résistaient.

On se rappelle qu’après les attentats du 11 septembre, le président Bush avait déclaré : « Vous êtes avec nous ou contre nous ». Les États-Unis avaient alors lancé leur guerre contre le terrorisme qui était en fait une guerre pour remodeler le Grand Moyen-Orient et maintenir leur hégémonie. Mais le projet a viré au fiasco. Aujourd’hui, les États-Unis mènent une guerre par procuration contre la Russie sur le sol ukrainien. Biden et son équipe tiennent le même discours que Bush à l’époque, mais le reste du monde refuse de les suivre dans leur politique dévastatrice.

On n’a tout de même pas entendu le président Biden employer la rhétorique de Bush…

Mais dans les faits, c’est qu’ils font. Ils essaient de resserrer les rangs derrière eux pour isoler la Russie et n’hésitent pas à menacer ceux qui leur résistent. Et ils sont nombreux. Du point de vue occidental, on a l’impression que la guerre en Ukraine est un combat du Bien contre le Mal. Poutine a envahi l’Ukraine parce qu’il est fou et qu’il veut restaurer le grand empire russe. Il faut donc le stopper et sauver les Ukrainiens.

Cette idée devrait faire l’unanimité, mais de nombreux pays maintiennent leurs liens avec la Russie. Business first ?

Tout d’abord, en dehors de l’Occident, le monde n’est pas dupe sur la nature de cette guerre. En Ukraine, les États-Unis ont soutenu un coup d’État [1] en 2014 pour renverser un président démocratiquement élu, mais qui avait le tort…

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Auteur: Grégoire LALIEU Le grand soir