Moins de gardes dans le Parc national des Cévennes, nature menacée

  • Florac, Ispagnac et Castelbouc (Lozère), reportage

Campés dans la pente recouverte d’herbes sèches et de genêts, jumelles en main, les deux hommes scrutent la montagne qui leur fait face. Une forêt de pins la recouvre en bonne partie. Vert foncé des arbres parfois percé du gris des falaises granitiques, ciel bleu clair dégagé, forts dénivelés… le paysage illustre parfaitement un slogan du début des années 2000, utilisé par un office de tourisme local : « Les Cévennes à l’austère beauté ». Une beauté que s’efforce de préserver depuis 1970 l’un des plus anciens parcs nationaux de France, celui des Cévennes, à cheval sur la Lozère, le Gard et l’Ardèche.

Un faucon pèlerin dessine sa silhouette dans l’azur. Un vautour fauve survole les pins, au loin, puis disparaît. Mais ce n’est pas eux que cherche aujourd’hui Jean-Pierre Malafosse, garde-moniteur au parc. Il pointe sa lunette vers une petite falaise. Sur une plateforme, des branches mortes ont été amassées. Un couple d’aigles royaux prépare son nid. Tous les ans, le garde repère l’endroit choisi par le couple pour nidifier puis le surveille comme du lait sur le feu. « Cela nous permet de dire aux forestiers où ils se trouvent », explique-t-il, désignant des coupes récentes dans la forêt. « J’ai demandé de laisser des arbres autour de la plateforme. Si on n’avait pas été là tout le temps, ils n’auraient pas tenu cinq ans. »


Jean-Pierre Malafosse, garde-moniteur au parc.

« Quand le parc a été créé, l’aigle royal était une espèce en train de disparaître, il n’y avait plus que trois ou quatre couples, dit Jocelyn Fonderflick, chargé de mission faune du parc. Maintenant, il y en a quinze. » En cinquante ans de parc national, la loutre, le castor, le faucon pèlerin, le loup, les chevreuils sont aussi revenus. Le vautour a été réintroduit avec succès. Autant de réussites dues en grande partie à la vigilance des gardiens du parc. Mais c’est à leur tour de se sentir en phase d’extinction. « On a été jusqu’à trente-huit gardes-moniteurs, se souvient Jean-Pierre Malafosse. On n’est plus que vingt-et-un. Les départs à la retraite ne sont pas remplacés. Avant, je m’occupais de deux communes et demie. Maintenant, c’est sept. »

« L’érosion de la biodiversité se fait par méconnaissance »

Ses missions sont aussi diversifiées que celles du parc : inventaires de la flore et la faune, pédagogie dans les écoles, accompagnement des touristes, maintien d’une bonne relation avec les…

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Auteur: Marie Astier (Reporterre) Reporterre