Mondial de football 2022: quelles retombées diplomatiques pour le Maroc?

Leurs excellents résultats et l’accès des Lions de l’Atlas aux demi-finales de la dernière Coupe du monde au Qatar, en décembre, ont été suivis par la population marocaine au pays mais aussi par toute la diaspora (en particulier en France où parmi la population immigrée, le contingent marocain est le plus important), ainsi que par l’ensemble de l’Afrique et du monde arabe.

La qualité du jeu déployé par l’équipe sous la conduite de son sélectionneurWalid Regragui, ainsi que le dynamisme, l’enthousiasme et la mentalité des joueurs ont séduit l’ensemble des spectateurs, des téléspectateurs et des observateurs.

D’ailleurs, l’accueil délirant offert par la population marocaine à l’ensemble de la délégation lors du retour au pays montre le degré de plaisir et de bonheur donné à celle-ci. Mais, d’un tel parcours dans la compétition la plus prestigieuse du sport le plus populaire dans le monde, que peuvent en retirer diplomatiquement les autorités marocaines ?

Selon le diplomate britannique Sir Ernest Mason Satow (1843-1929), la diplomatie est

l’application de l’intelligence et du tact à la conduite des relations officielles entre les gouvernements des États indépendants, ou la conduite des affaires entre les États par des moyens pacifiques.

Recours au soft power

Plus récemment, l’ancien sous-secrétaire américain à la Défense, Joseph Nye (2004), oppose le hard power au soft power qui est l’habileté à obtenir ce qu’un État veut par le biais de l’attractivité plutôt que la coercition ou des paiements. Cela advient par l’attraction que constitue la culture d’un pays, ses idéaux politiques et les actions politiques développées.

Lorsque les actions politiques sont perçues comme légitimes par les autres, le soft power s’accroît. De ce point de vue, le sport – et l’exemple du Qatar le met en évidence – est devenu un outil de soft power dans les relations diplomatiques entre États. Comme le souligne le géopoliticien Pascal Boniface, “le sport rend la puissance sympathique et populaire. L’étalage de la puissance militaire fait peur, elle peut provoquer le rejet. Pas la victoire d’un sportif”.

Il est évident que les autorités marocaines vont capitaliser sur ce parcours remarquable des Lions de l’Atlas.

Pour sa part, l’ancien diplomate américain Hans N. Tuch (1990) précisait que la diplomatie publique constitue le “processus de communication d’un gouvernement avec un public étranger visant à une bonne compréhension, non seulement des idées et idéaux nationaux, mais aussi des institutions, de la culture, des intérêts nationaux ou encore de la politique actuelle”.

Cette forme a été développée dans les années 1960 aux États-Unis, à l’époque de la Guerre froide. Elle a été précisée comme étant un “processus de communication de l’État avec l’opinion publique étrangère”.

L’objectif est simple et clair à la fois :

impacter les élites politiques étrangères en influençant l’opinion publique. Il s’agit donc ici d’un cercle restreint d’activités préméditées, motivées par l’effort de l’État dans le but de faire prévaloir ses intérêts dans le cadre de relations internationales.

Le principal objectif de la diplomatie publique est de former une réputation. Chaque pays a cependant, en fonction de son histoire, de sa taille ou de son potentiel diplomatique un besoin propre de se présenter et utilise pour cela différentes stratégies.

‘Diplomatie footballistique’

L’une d’entre elles renvoie au concept de diplomatie sportive, laquelle désigne l’utilisation stratégique du sport pour atteindre des objectifs dans le domaine des relations extérieures. Elle vise notamment à rendre un pays, ses habitants et sa culture plus attractifs auprès des pays tiers en entretenant des liens entre les populations au moyen d’initiatives citoyennes. Elle mobilise un éventail d’acteurs plus large que les diplomates et les personnalités politiques, notamment des sportifs amateurs et professionnels, des organisations sportives et des acteurs de la société civile.

Comme le précise Moncef El Yazghi, chercheur en politique du sport, à propos du Maroc:

Plus que de diplomatie sportive, je pense qu’il faut parler de diplomatie footballistique, parce que tous les efforts sont concentrés sur cette discipline.

Il y a un modèle de…

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Auteur: Michel Raspaud, Professeur des Universités, Université Grenoble Alpes (UGA)