Montagne d'Or : une compagnie russe attaque la France

Cayenne (Guyane), correspondance

C’est un nouveau chapitre qui s’ouvre dans le colossal dossier de la Montagne d’or. Après la judiciarisation en cours devant la justice administrative française, c’est devant un tribunal d’arbitrage international que la France va devoir justifier son refus de voir ce projet minier se réaliser.

L’information a été révélée la semaine dernière par le média spécialisé dans l’arbitrage international IAReporter, et confirmée par des documents en notre possession. Deux investisseurs russes — Severgroup et KN Holdings — attaquent l’État français, à qui ils reprochent de ne pas les laisser exploiter la mine de la Montagne d’or. En s’appuyant sur un traité franco-russe de 1989, dit de « protection des investissements », ils réclament près de 4 milliards d’euros à la France. Cette somme correspondrait à la moitié de la valeur présumée de la mine, fixée à 9,13 milliards de dollars. Le gisement situé dans l’ouest de la Guyane est estimé à 85 tonnes d’or.

Un oligarque russe à la manœuvre

Severgroup et KN Holdings sont les sociétés propriétaires de Nordgold, elle-même actionnaire majoritaire à hauteur de 55 % de la Compagnie de la Montagne d’or (CMO) qui porte le projet minier. L’autre actionnaire est la compagnie Orea mining (ex-Columbus Gold) ; elle joue le rôle de compagnie junior dans le dossier Montagne d’or, investissant dans les étapes de prospection et de constitution des dossiers administratifs. Selon une distinction classique dans le secteur minier, Nordgold fait elle figure de compagnie major, se positionnant alors que le gisement est confirmé et à même d’investir les centaines de millions d’euros nécessaires à la mise en exploitation du site, pour en retirer la majorité des bénéfices.

Propriété de la famille de l’oligarque russe Alexei Mordashov, Nordgold, qui exploite actuellement des mines d’or en Russie, au Kazakhstan, au Burkina Faso et en Guinée, compte parmi les vingt plus gros producteurs d’or au monde. La compagnie russe « a pris la direction des opérations » de la Montagne d’or en 2016, « en engageant des dépenses de 30 millions d’euros sur 3 ans » à partir de 2017, précise le site de la CMO.

L’exploitation de la Montagne d’or entraînerait la déforestation de plus de 1 500 hectares de forêt équatoriale à proximité immédiate de deux réserves biologiques intégrales, l’ouverture d’une fosse de plus de 2,5 kilomètres de long et environ 300 mètres de profondeur et le recours…

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Auteur: Reporterre