L’écrivaine guadeloupéenne Maryse Condé est décédée dans la nuit de lundi 1er à mardi 2 avril à l’âge de 87 ans à l’hôpital d’Apt, a indiqué son mari. Née à Pointe-à-Pitre, cette figure de la littérature francophone, détentrice en 2018 du Prix de littérature de la Nouvelle Académie (Nobel alternatif), a abordé dans une trentaine de livres l’Afrique, l’esclavage et les multiples identités noires. La Croix l’avait rencontré en 2019 dans sa maison de Gordes, dans le Lubéron, où elle avait élu domicile depuis plusieurs années.
[Portrait initialement mis en ligne le 14 septembre 2019]
Assise, presque allongée dans un fauteuil adapté, le corps frêle mais le regard accrocheur, l’allocution distincte bien qu’émise avec effort. À 82 ans, Maryse Condé est d’abord ce corps que la maladie tord, attaque, occupe. Elle vit dans sa maison du Luberon, sur les contreforts de Gordes, une maison simple au fond d’une allée à laquelle on accède par un chemin de pierres et de poussière chauffé à blanc par le soleil de cette journée d’été. Son mari et traducteur anglais, Richard Philcox, accueille le visiteur en short, chemise et sandales, comme presque tout le monde ici. Maryse attend dans le salon, dans ce grand fauteuil confortable dont elle contrôle l’inclinaison avec une télécommande.
Le « noir », une construction dans le regard du « blanc »
Dans ses vêtements larges et souples, elle se présente sans fard, fidèle à son portrait en pied qu’elle a publié en 2012 chez JC Lattès, texte où elle se raconte à la manière de Rousseau dans Les Confessions, de la Guadeloupe où elle est née en 1936 à ses pérégrinations dans l’Afrique des « Indépendances » en jeune femme solitaire, enfants sous le bras, à qui les coups ne furent pas épargnés.
Derrière son dépouillement et son aridité, la vie, la colère et le combat de Maryse Condé affleurent toujours. Si son corps parle…
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Auteur: Laurent Larcher