Mort d'un cycliste : Montpellier sommée de sécuriser ses routes

Montpellier (Hérault), reportage

Une foule silencieuse s’avance dans la pénombre. Piétons et cyclistes remontent lentement l’avenue de Lodève, en masse compacte et emmitouflée. En tête de ce cortège crépusculaire, un vélo blanc et une banderole : « Hommage à Traian Savu. Aménagement cyclable = urgence. »

Le 29 septembre 2022, dans cette même rue, la roue du cycle de ce chirurgien de 44 ans s’est coincée entre les rails du tram, provoquant sa chute. Sa tête a heurté le séparateur, une sorte de « digue » de béton séparant les voies du tram de la chaussée. Il est décédé quelques heures plus tard.

Jeudi 26 janvier, une centaine de personnes se sont réunies sur les lieux du drame. « Je souhaite transformer notre chagrin en une action qui a du sens, souffle Layla Savu, la veuve du docteur, infirmière et maman de deux jeunes enfants. Pour que ce qui s’est passé ne se reproduise plus. »

Car ce décès est venu confirmer la dangerosité de cette avenue de Lodève, empruntée chaque jour par plusieurs milliers de cyclistes. « J’habite ici, et je ramasse très régulièrement des personnes tombées », témoigne Sarah. Roues coincées dans les rails, bordures glissantes, poubelles sur la voie, piste cyclable interrompue ou confondue avec le trottoir. « Les dangers sont permanents, abonde Aurore, de l’association Vélocité. Ici comme ailleurs, il y a urgence à mettre en place un réseau cyclable continu, sécurisé, lisible. »

« La ville n’a pas fait les aménagements nécessaires pour sécuriser les cyclistes »

Le silence des autorités à la suite de la mort de Traian Savu a attisé la colère des vélocipédistes. « Depuis quatre mois, rien n’a été fait », pointe Aurore. Vélocité a pourtant adressé aux élus une série de propositions pour améliorer la circulation sur l’avenue de Lodève. En vain. Seule mesure mise en place – puis rapidement suspendue : des contraventions pour les vélos empruntant la voie de tram.

Une indifférence difficile à avaler pour Layla Savu. Dans ce genre d’accident, la conclusion des pouvoirs publics est en effet souvent vite trouvée : c’est un « malheureux concours de circonstances ». « Pour moi, il y a une responsabilité collective, une responsabilité de la ville qui n’a pas fait les aménagements nécessaires pour sécuriser les cyclistes, insiste Mme Savu. La responsabilité individuelle ne suffit pas à expliquer autant d’accidents. »

Comme nombre d’agglomérations, Montpellier peine à opérer sa mue cyclable. En 2021, elle était encore classée « moyennement favorable » aux deux-roues, par le baromètre établi par la Fédération des usagers de la bicyclette (FUB). « Les politiques ont du mal à suivre…

La suite est à lire sur: reporterre.net
Auteur: Lorène Lavocat Reporterre