Les conséquences en sont connues : la majorité des étudiants dans l’enseignement supérieur sont incapables d’écrire dans un français correct. Même dans le sanctuaire de l’enseignement qu’est l’École normale supérieure, on voit se multiplier les fautes de grammaire, de syntaxe et simplement de vocabulaire. Le niveau en mathématiques ne vaut pas mieux. Les professeurs des classes préparatoires qui le savent ont dû sérieusement revoir à la baisse leurs ambitions, ce qui se répercute sur les écoles d’ingénieurs.
Cette situation calamiteuse résulte de la conjonction de très nombreuses causes qui toutes vont dans le même sens. La première de ces causes est une orientation politique déjà ancienne, mais rarement avouée, camouflée sous les expressions trompeuses d’école de la réussite et d’économie de la connaissance et autres calembredaines de la même farine. On a décidé de parquer les jeunes dans des études longues dont on sait par ailleurs qu’elles sont parfaitement inutiles. Les rapports de l’OCDE de la fin des années 1990 le disaient déjà. Dans le Manifeste de la Sociale, publié en 2016, nous écrivions :
Les réformes successives qui ont été imposées à l’école, au collège pour arriver au lycée, les réformes de l’enseignement supérieur vont à l’opposé des objectifs que nous dégageons ici. Un grand nettoyage s’impose qui remette en cause tous les effets nocifs de ces réformes successives. Toutes s’inscrivent en effet dans la trajectoire indiquée par l’OCDE à la fin des années 90 et au début des années 2000, ou encore par l’Union européenne ou la Commission : modifier l’école et l’enseignement pour le plus grand nombre destiné à des « petits boulots » (que les experts de l’OCDE sur la base d’un rapport issu des USA listent sans vergogne, « vendeurs », « gardiennage », « agents d’entretien », « assistants sanitaires », « conducteurs de camions », « remplisseurs de distributeurs de boissons ou d’aliments »), prôner « l’adaptation au marché de l’emploi et à sa précarité », promouvoir « la formation sur le tas » ou encore « l’adaptabilité de la main-d’œuvre », faire ainsi des économies substantielles et développer les compétences du…
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Auteur: Denis COLLIN Le grand soir