Mourir pour des idées à Conflans-Sainte-Honorine

Jean-Baptiste Regnault. – « La Liberté ou la Mort », 1795.

«Vous allez voir comment on meurt pour 25 francs ». Par ces mots de défi aux Parisiens qui ne voulaient pas résister au coup d’État militaire de Louis Bonaparte, le député Alphonse Baudin annonçait sa mort. Quelques minutes plus tard, il fut abattu sur la barricade de la rue du faubourg Saint-Antoine par le tir de la troupe venue de la place de la Bastille. Ce 3 décembre 1851, il avait lancé une belle formule tragique qui lui valut la postérité. Si belle qu’elle a souvent été considérée comme une légende. Si elle est exacte, elle est néanmoins plus difficile à comprendre depuis que le franc a laissé la place à l’euro : 25 francs était le montant de l’indemnité parlementaire quotidienne des députés. Une grosse somme pour les petites gens (un ouvrier gagnait 4 francs par jour). Si bien qu’une contestation antiparlementaire avait gagné les rangs populaires pour stigmatiser les « 25 francs ». Le mot de Baudin servit finalement d’excuse au petit peuple du faubourg Saint-Antoine pour refuser de prendre les armes au lendemain du coup d’État du 2 décembre. Ce peuple ouvrier avait été durement meurtri par la répression et surtout par les sanglantes journées de juin 1848. Esseulés, les résistants ne pouvaient guère s’attendre qu’à la mort. La mort ? La preuve irréfutable qu’ils ne se battaient pas pour leur confort, leur rémunération ni aucun avantage matériel mais pour la République. Une idée en somme. Une démonstration du plus pur désintéressement. La mort du professeur d’histoire et géographie Samuel Paty démontre, s’il en était besoin, que cette histoire n’est pas anachronique.

« Mourir pour des idées » — la République, la liberté, et même la patrie, en un temps où la gauche était patriote : la formule et l’idée sont nées dans les temps démocratiques, quand fut édifié un récit des…

Auteur: Alain Garrigou
La suite est à lire sur: blog.mondediplo.net