Musique et IA : une partition injouable ?

L’année 2023 fut marquée par une couverture médiatique considérable autour de l’IA, avec notamment l’arrivée de ChatGPT, Midjourney, et en musique, les deepfakes musicaux, et autres AI covers.. La chanson « Heart on My Sleeve » en est l’exemple le plus retentissant, puisqu’on y entend Drake et The Weeknd, sans qu’aucun des deux ne l’ait enregistré. Leurs voix ont en effet été imitées grâce à l’IA, avec une précision qu’on aurait du mal à différencier des originales. La qualité du morceau, la popularité des deux artistes et la bulle médiatique autour de l’IA l’ont rendu viral très rapidement avant qu’il ne soit retiré des plates-formes de streaming.

« Heart on My Sleeve », Ghostwriter (2023).

D’aucuns y voient un signe avant-coureur des problèmes soulevés lorsqu’une innovation technique se développe de manière erratique, sans que le droit nécessaire pour réglementer son usage ne soit en place. D’autres perçoivent les débuts d’une transformation sans précédent de tous les aspects du fait musical : sa pratique, sa production, sa consommation, son économie, ses univers sociaux et son esthétique.

Une pratique de plus en plus accessible

La pratique de l’IA musicale, issue de la recherche en informatique musicale, est depuis les années 2010 rendue de plus en plus accessible. Des start-up se sont emparées de la recherche pour développer des outils de composition automatique, et les diffuser sur le marché. Les GAFAM ne tardent pas à suivre, avec Google qui développe sa suite d’outils baptisée Magenta, puis MusicLM, un text-to-audio similaire à MusicGen développé par Meta. Ces applications permettent de générer des fichiers audio de musique sur la base de prompts, à la manière de Midjourney ou DALL-E.

Les outils actuels s’inscrivent dans la continuité du virage numérique et…

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Auteur: Paul J. F. Fleury, Doctorant en musicologie, Université Rennes 2