Mycelium Sutra

PAROLE & LANGAGE, linguistiqueDistinction opérée d’avec la langue par Saussure. Si le langage est l’essentiel permettant de dire, la parole est accidentelle et ressort de l’interprétation des agents concernés. […] « La langue peut être définie alors comme la dénaturation du langage, aptitude des êtres vivants à communiquer. »

Levé pour penser à ce que j’allais dormir ce soir, longeant la viande des rues, le réflexe commode de recourir à l’heure de mon téléphone me manque pour éviter le regard de mes pairs qui – sans risque sur ce rêve de fer – s’équarrissent un monolithe de joie. Maladroit dans leur muette interrogation, je lâche un timide « Désolé je n’ai rien sur moi » avant de m’esquiver. Aujourd’hui, il est encore 23h59. Et je me suis oublié dehors.

Dans la chaleur glaçante de l’automne, la musique pleine d’algues noires de ma baignoire a fini de remuer d’horreur et les bottes garnies d’illuminations transcendantales, je me demande. Si l’abîme de miel d’élytres et d’oiseaux la nuque brisée sur les milles soleils du gratte-ciel s’est finalement refermé sur mon ordinateur où flotte, purifiée entre deux administrations prophétiques, le reflet de ma mère – la personnelle, l’inévitable – jouant au Yahtzee contre des enfants au rire d’araignée.

Mes jambes lovées contre le râle des pumas je me dis que mon froid est à sa place sur ces toits où pleut une nuit cabalistique. Félin, je me perds dans la fumée ésotérico-électrique de mes airpods et je nage sur les canalisations qui font l’inquisition des imaginaires, contemplant l’émanation des cheminées d’une Cité sans nom. Je me dis. Que zoner dans les allées de la misère n’empêchent pas d’être talonné par les années de dépression animale, clandestines dans leurs mâchoires. Que si je me masturbe sur des chimères l’éjaculation est encore moins réelle que le rugissement qu’elles poussent. Que manger du feu dans des chambres vides ne fait pas…

La suite est à lire sur: lundi.am
Auteur: dev