Une revue de presse doit être comme un écorché révélant les muscles du corps humain. Elle ne dévoile pas la vérité mais la réalité d’un discours. Ces paroles ne mentent pas si on les regarde comme des faits. On n’écoute plus les orateurs mais les mots qu’ils sont capables de proférer.
Peu importe le décor et les personnages, c’est l’histoire qui compte. On meurt avant la fin. Mêmes têtes, mêmes mots différemment agencés, on se lasse mais que voulez-vous y faire ? Peu de variation dans la mode masculine comme dans les modalités politiques. Aucun accord n’a été trouvé sur l’utopie.
La bourse chute. Le mot croissance continue à être utilisé. Nous avons longuement discuté des conséquences de la grève. Nous nous en remettons au marché. Location, vente, reconditionnement, achat, ne vous inquiétez pas. La pénurie de pétrole est un signe de modernité.
Les mots de regret sortent de nos bouches. Nous nous fions à l’économie. A quoi donc sinon voulez-vous croire ?
Notre besoin de consommer est sans appel. Nous encourageons toute prospection psychanalytique de la question. Il s’agit d’accepter et de célébrer un fait anthropologique. La politique est gestion, non recherche de solution. Le bonheur en est la fin, qu’on ne peut atteindre que par le régime du raisonnable.
Il n’y a plus de malheur. Ce phénomène d’essence métaphysique indique seulement notre échec à quantifier un dysfonctionnement. Selon les facteurs et l’intensité des marqueurs, nous parlons de catastrophe, drame, crise, choc, conflit, événement. Combien avez-vous sur l’échelle de la douleur ?
Contre la propagande, nos slogans. Les mots sont la réalité, de même que les chiffres sont la valeur. Nous parlons adéquatement du cadre que nous avons créé. Nous ne pouvons renoncer à notre liberté. Nous trouverons d’autres solutions. Et si ce n’est pas possible, nous trouverons d’autres problèmes.
On ne peut plus aborder le thème éculé de la pauvreté. Un…
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Auteur: dev