N'abandonnons pas la démocratie directe du Rojava

Pierre Bance est l’ancien directeur des éditions Droit et Société, et auteur de La Fascinante Démocratie du Rojava. Le contrat social de la Syrie du Nord, aux éditions Noir et Rouge.


Nous avons nos soucis : le coronavirus, son vaccin, les plans sociaux qui se multiplient, la dette qui grossit, des libertés publiques malmenées, les défaillances de la démocratie représentative… Cela justifie-t-il que l’on oublie la petite république du Rojava ?

Là-bas, quelque part en Mésopotamie, se mène une expérience que nous devrions soutenir et protéger. Parce que nous sommes redevables à ceux qui ont vaincu territorialement l’État islamique au prix de plus de 11.000 morts et 24.000 blessés pour un effectif de 70.000 combattants. Parce que le Rojava, ce n’est pas seulement cette épopée militaire des Kurdes et de leurs alliés arabes, c’est aussi une expérience démocratique inédite et fascinante.

Inédite, car la constitution du Rojava, nommé Contrat social de la Fédération démocratique de la Syrie du Nord, lie démocratie directe et démocratie parlementaire. Alliage improbable de communes autonomes, d’assemblées législatives et de conseils exécutifs de cantons et de régions, tous fédérés par l’Administration autonome démocratique.


Carte de la Syrie du Nord et de l’Est, avec les trois régions du Rojava.

Celle-ci ne se veut pas gouvernement. Bien au contraire, elle entend donner les plus larges pouvoirs aux citoyens. Derrière cette intention, le but est annoncé : se passer de l’État-nation pour mettre en place une société avec le moins d’État possible, le temps de transférer aux institutions autoadministrées locales toutes les missions de service public, toutes les fonctions régaliennes. Ainsi parviendra-t-on au confédéralisme démocratique prôné par le leader kurde Abdullah Öcalan, qui n’a rien à envier au fédéralisme sans État de Proudhon.

Fascinante, car la démocratie du Rojava…

Auteur: Reporterre
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