Naissance de la 8 milliardième personne: voici comment l’Afrique façonnera l’avenir de la population mondiale

A la mi-novembre 2022, la huit milliardième personne naîtra, selon les Nations unies. Dans son analyse de cette étape importante, l’ONU fait deux observations clés. La première est que la population mondiale s’est accrue à son rythme le plus lent depuis 1950. Le taux de croissance est passé sous la barre de 1 % en 2020, une tendance qui devrait se poursuivre. La seconde est que la croissance de la population est due à l’augmentation progressive de la durée de vie humaine en raison des améliorations de la santé publique, de la nutrition, de l’hygiène personnelle et de la médecine. C’est aussi le résultat de niveaux de fécondité élevés et persistants dans certains pays. Selon l’ONU, seuls huit pays devraient être à l’origine de 50 % de la croissance démographique au cours des 30 prochaines années. Cinq d’entre eux se trouvent en Afrique : la République démocratique du Congo, l’Egypte, l’Ethiopie, le Nigeria et la Tanzanie. Les démographes Akanni Akinyemi, Jacques Emina et Esther Dungumaro décortiquent cette dynamique.

Quel est le sens de la huit milliardième naissance?

Elle suscite des inquiétudes : les scientifiques estiment que la Terre peut supporter au maximum entre neuf et dix milliards d’habitants.

Pour apprécier ces chiffres, il faut comprendre la répartition et la structure de la population. Où se trouvent ces personnes dans les régions, les pays, les zones rurales et urbaines ?

L’augmentation de la population présente un avantage potentiel. C’est ce qu’on appelle le dividende démographique. La croissance de la population peut être une bénédiction, en stimulant la croissance économique grâce à l’évolution de la structure d’âge de la population. C’est une perspective si les personnes en âge de travailler bénéficient d’une bonne santé, d’une éducation de qualité, d’un emploi décent et d’une proportion moindre de jeunes personnes à charge.

Mais la réalisation de ce dividende dépend d’un grand nombre de facteurs. Il s’agit notamment de la structure de la population par âge, du niveau d’éducation et de compétences, des conditions de vie, ainsi que de la répartition des ressources disponibles.

Les conséquences de la croissance démographique sont d’ordre socio-économique, politique et environnemental. Certaines d’entre elles peuvent être négatives. Leur déroulement est déterminé par les caractéristiques de la population et sa répartition.

Pourquoi les taux de natalité sont-ils si élevés dans cinq pays africains?

Les principaux facteurs de la croissance démographique dans ces pays sont la faible utilisation des contraceptifs, les taux de fécondité élevés chez les adolescentes et la prévalence des mariages polygames. Il y a aussi le faible niveau d’éducation des femmes, l’investissement faible ou insuffisant dans l’éducation des enfants, et des facteurs liés à la religion et aux idées.

L’utilisation de contraceptifs modernes est généralement faible en Afrique subsaharienne. La prévalence globale est de 22 %. En République démocratique du Congo, cependant, l’utilisation de contraceptifs à courte durée d’action est de 8,1 %. Au Nigeria, elle est de 10,5 %. Le taux d’utilisation est de 25 % en Éthiopie, de 27,1 % en Tanzanie et de 43 % en Egypte.

En ce qui concerne les méthodes de planification familiale à longue durée d’action, à l’exception de l’Egypte, où le taux d’utilisation est supérieur à 20 %, les quatre autres pays moteurs de la croissance démographique dans la région ont enregistré un taux d’utilisation très faible. Ce faible taux d’utilisation conduira logiquement à une explosion démographique.

Certains facteurs associés à une utilisation élevée des contraceptifs en Afrique sont l’éducation des femmes, l’exposition aux informations et aux médias de masse, un bon statut économique et la résidence en milieu urbain.

Le taux de fécondité des adolescents en Afrique subsaharienne – bien qu’il affiche une tendance à la baisse – reste relativement élevé. Le taux de fécondité des adolescentes représente le nombre de naissances pour 1 000 filles âgées de 15 à 19 ans. En Afrique subsaharienne, il s’élève en moyenne à 98 naissances pour 1 000 filles.

Ce taux varie considérablement d’un pays à l’autre : de 52 en Egypte et 62 en Ethiopie à 102 au Nigeria, 114 en Tanzanie et 119 en RDC.

En dehors du continent, le taux de fécondité des adolescentes est de 21 en Asie et dans le…

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Auteur: Akanni Ibukun Akinyemi, Professor of Demography and Social Statistics., Obafemi Awolowo University