Le bicentenaire de la mort de Napoléon, le 5 mai 1821, a fait l’objet d’une quinzaine de reportages dans les journaux télévisés de France 2 et de TF1. Sur les deux chaînes, le traitement médiatique se résume à deux angles : des reportages « consommation » (axés notamment sur les collectionneurs et des tenanciers de magasins de souvenirs) et des sujets marqués par le « culte de la personnalité ». Le rétablissement de l’esclavage (entre autres) est rarement évoqué. Et quand il l’est, le fait est minimisé, pour ne pas dire… revisité. En résumé, c’est une vision « commerciale » du personnage qui domine, et une contribution médiatique à l’écriture d’un « roman national » par le haut, sans recul critique.
Pour analyser ce traitement médiatique, nous avons visionné les JT de France 2 et de TF1 diffusés entre le 1er avril et le 5 mai. Sur France 2, les JT oscillent entre l’anecdotique et les descriptions élogieuses de Napoléon, nuancées à la marge par quelques bribes de critiques. L’anecdotique d’abord : ce sont trois reportages (13/04 – 13h ; 25/04 – 20h ; 02/05 – 13h) consacrés à des collectionneurs, des marchands d’arts, fascinés par Napoléon ou officiant dans le commerce fétichiste d’objets liés au personnage et à sa famille. À chaque fois, les interviewés témoignent de leur passion pour l’homme, qui remonte souvent à l’enfance. Napoléon est réduit à des objets que l’on collectionne et à des clichés. Quant à son bilan politique, il se limite aux aspects les plus connus et les moins controversés, caractéristiques d’une narration historique « par le haut » (grandes batailles, mort).
Ainsi, dans le reportage du 25 avril, intitulé « Des objets de Napoléon s’arrachent à prix d’or chez les collectionneurs », France 2 réalise un reportage de terrain dans l’appartement d’une collectionneuse – « son petit paradis Napoléonien ». « Plus d’un millier d’objets cohabitent entre les murs de son appartement […]. Parfois, elle s’offre une part de rêve à Paris, dans cet hôtel particulier ». France 2 est béat : « Deux siècles après sa mort, Napoléon fait toujours recette aux quatre coins de la planète […]. En Chine les affaires […] [d’un marchand d’art] sont en plein essor ». À cela s’ajoute le reportage du 20h du 5 mai qui, à un témoignage près, est une enfilade de micros-trottoirs (et de clichés) de personnes vivant à l’étranger, invitées à donner leur avis sur Napoléon…
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Auteur: Arnaud Galliere, Sophie Eustache Acrimed