Nature : peut-on réparer ce que l'on a détruit ?

[3/4 Réparer la nature, l’autre urgence écologique]Alors que le vivant s’effondre, la restauration écologique apparaît comme le seul rempart capable de « renaturer » à long terme les espaces dégradés. Des projets à Sarcelles, à Marseille ou sur le Rhône, ont déjà permis à la diversité de la vie de reprendre ses droits. Mais peut-on vraiment réparer ce qu’on a détruit ? Et comment aller plus vite ? Enquête en quatre parties.

• Volet 1 — Réparer fleuves, forêts et prairies pour retrouver la biodiversité

• Volet 2 — À Marseille, une nurserie de poissons pour repeupler les récifs


En 1840, le jeune architecte Viollet-le-Duc se vit confier une mission inédite : refaire l’église de Vézelay (Yonne), en fort piteux état. Voûtes crevassées, murs lézardés, tour effondrée. Pendant vingt ans, Viollet-le-Duc reconstruisit une grande partie de l’édifice, démontrant qu’il était possible de recréer le passé quasiment à l’identique. Un an après la fin de ce chantier monumental, le Second Empire créa un nouveau service de restauration… à destination de la nature. Il s’agissait de contrer les glissements de terrain et les inondations toujours plus fréquentes en montagne, causés par un siècle de déboisement massif. Avec une solution : replanter, partout, à grand renfort d’espèces exotiques et de monocultures.

« C’est considéré comme l’acte fondateur de la restauration écologique, même s’il ne s’agissait pas d’une restauration à proprement parler, puisqu’on ne visait pas à recréer l’ensemble de l’écosystème, mais juste à lutter contre l’érosion », dit la chercheuse Alma Heckenroth. Mais une idée avait alors germé : les êtres humains pouvaient réparer ce qu’ils avaient détruit. En France, il faudra cependant attendre les années 1970 pour voir se développer des opérations d’envergure.

« Les politiques de conservation menées jusqu’alors — création de zones protégées et de listes d’espèces à préserver — ne suffisaient manifestement pas à enrayer le déclin de la biodiversité », explique Thierry Dutoit, directeur de recherche au CNRS. D’où l’idée d’augmenter et de régénérer les habitats. « Avec la restauration écologique, on cherche à assister le rétablissement d’un écosystème qui a été dégradé, endommagé ou détruit, dans son intégralité », poursuit-il. Peu à peu, l’écologie de la restauration a émergé comme discipline scientifique, des entreprises se sont spécialisées, et les chantiers…

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Auteur: Lorène Lavocat (Reporterre) Reporterre