Naufrage organisé d’un porte-avions toxique dans l’océan

Après 37 ans de service dans la marine française et une vingtaine d’année sous pavillon brésilien, le pays sud-américain a décidé de couler son porte-avion São Paulo au large de sa côte nord-est atlantique, et ce malgré la présence d’importants taux d’amiante et de déchets toxiques à son bord. Face aux risques certains de pollution des écosystèmes de la région et de la chaîne alimentaire marine, plusieurs ONG dénoncent un crime environnemental.

Vendredi 3 février 2023, la marine brésilienne a organisé le naufrage contrôlé du porte-avions São Paulo à 350 km des côtes du pays, dans une zone de l’océan Atlantique d’une profondeur approximative de 16 000 pieds (5 000 mètres). Cette décision est intervenue après que les autorités aient échoué à trouver un port prêt à l’accueillir.

Autrefois connu sous l’appellation de Foch, ce porte-avions de 266 mètres de long construit à la fin des années 50 a servi la marine française pendant près de quatre décennies. Capable de transporter pas moins de 40 avions de combat, il a notamment participé aux premiers essais nucléaires français dans le Pacifique, et a été déployé en Afrique, au Moyen Orient et en ex-Yougoslavie, jusqu’à ce qu’il soit remplacé par le Charles-de-Gaulle, un porte-avion à propulsion nucléaire.

Le porte-avions Foch en service sous le contrôle de la marine française – Flickr

Une erreur d’investissement

En 2000, cet ancien fleuron de la marine française, au lieu d’être convenablement réhabilité par la France, est vendu au Brésil pour la modique somme de 12 millions de dollars. Pour le rendre pleinement opérationnel, il aurait fallu réaliser des travaux à hauteur de 80 millions de dollars. Ni la marine française, ni la marine brésilienne ne voudront investir dans la remise en état.

Mis hors service au printemps 2021, la société turque de recyclage maritime Sök Denizcilik s’est portée acquéreuse de la coque pour 10,5 millions de dollars. Après avoir cherché pendant plus d’un an un port prêt à l’accueillir, la Turquie autorise finalement en juin 2022 son transport vers un chantier naval turc pour réaliser son démantèlement.

À l’aide du remorqueur néerlandais ALP Guard, le São Paulo entreprend alors la traversée de l’Atlantique pour rejoindre les eaux turques. Toutefois, coup de théâtre, arrivé au détroit de Gibraltar, les autorités environnementales turques font marche arrière craignant qu’il ne contienne davantage d’amiante que prévu.

De retour au Brésil, il ne pourra…

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Auteur: Victoria Berni