Navigation faciale. L'interface dans ta face.

La technique est d’abord un rapport au corps. Chaque année je me régale à expliquer aux étudiant.e.s du meilleur DUT Infocom de la galaxie connue comment et pourquoi par exemple, le passage du Volumen (le livre en rouleau) au Codex (le livre sous sa forme actuelle) a d’abord été une révolution de la posture (en libérant une main pour prendre des notes, en permettant d’en manipuler plusieurs à la fois, etc.) avant d’être une révolution cognitive. Chaque année je leur montre cette vidéo de Michel Serres qui explique (bien mieux que je ne le ferai jamais) toutes ces choses là et tant d’autres encore. 

Chaque évolution technique modifie notre posture corporelle, et donc notre rapport à la technique. La miniaturisation, constante dans l’histoire de l’informatique, n’est pas uniquement là pour régler des problèmes d’espace (de stockage) mais là encore de manipulation. Faire tenir dans la main. « Maintenant, tenant en main le monde. » Michel Serres encore

J’ai moi-même beaucoup travaillé et écrit sur ce que les évolutions du web et des plateformes (et de leurs interfaces) disaient de notre corporéité et de notre rapport au corps, de la manière dont nous faisions corps, dont certaines parties de ces technologies étaient « détachables » de notre corps et d’autres non (« détachable » au sens où Simondon explique « qu’un objet technologique est produit lorsqu’il est détachable » ; vous pourrez par exemple revisionner le diaporama de la conférence « traces du corps » ou encore mon « Homme de Vitruve numérique« ).

Le lien (hypertexte) au corps.

Depuis l’origine du web, on « navigue », le bateau c’est notre « browser » et le web c’est l’océan, on a un corps de marin. Puis on « surfe », notre planche c’est le smartphone et la vague c’est encore le web, on a un corps de surfeur. Puis on « publie », on a un corp(u)s d’éditeur. Puis on « poste », on a un corps … de facteur 😉

Beaucoup d’interfaces tiennent désormais non seulement dans notre main mais elles sont aussi tactiles, haptiques ; pour nous permettre de voir, elles déposent des écrans noirs sur nos yeux : la réalité augmentée, virtuelle, est faite de corps soit totalement immobiles, soit s’agitant étrangement, semblant en permanence chercher la bonne posture, la bonne gestuelle ; des corps regardés par les non-appareillés comme autant de Quichottes affrontant d’invisibles moulins, comme irréels. 

Et voici donc qu’arrive maintenant la prochaine promesse technologique : celle de la navigation … faciale. 

Navigation faciale ?

Fonctionnalité mise en oeuvre par Google dans…

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Auteur: olivierertzscheid Olivier Ertzscheid