« Ne faites pas la grève et encore moins la reconductible ! »

Jeudi dernier, plusieurs dizaines de milliers de professeurs et de personnels de l’Éducation nationale de l’académie de Grenoble ont reçu un étonnant message électronique de la part de leur ministre de tutelle. Sous l’entête du ministère de l’Éducation nationale et de la jeunesse, Pap N’Diaye enjoint les fonctionnaires à faire toute confiance au gouvernement et à ne surtout pas se mettre en grève. Si certains y ont décelé une farce, d’autres se réjouissaient qu’un membre du gouvernement se décide enfin à « parler vrai ». Nous reproduisons ci-dessous le mail en question.

Chers personnels de l’Éducation nationale,

Le courriel adressé (en toute illégalité) par mon collègue ministre Stanislas Guérini à tous les fonctionnaires ne semble pas vous avoir convaincu puisque plus de 90 % des salariés (et 72 % des français) soutiennent le mouvement pour le retrait de notre projet de réforme des retraites.

Il est vrai que mes collègues chargés de la communication gouvernementale n’ont pas brillé par leur capacité à convaincre : entre les mensonges de Mme Borne, le craquage de M. Dussopt, les délires apocalyptiques de M. Véran et les gaffes des uns et des autres, vous avez compris que cette « réforme » n’a aucunement pour objectif la justice ou l’équilibre des comptes publics, mais qu’elle est bien destinée à rassurer nos amis du grand capital et à s’assurer de votre soumission.

Affligé par les prestations de mes collègues, notre suzerain président Emmanuel Macron m’a donc chargé de tenter de vous convaincre de ne pas vous mobiliser dès le 7 mars prochain et après, car vous avez bien compris qu’une journée de manifestation historique – comme les 5 précédentes- ne suffiront pas à nous faire céder. Vous êtes par ailleurs parfaitement conscients que nous avons beaucoup plus peur que nous ne le disons, et qu’un blocage économique de quelques jours accompagné d’une mobilisation forte et durable nous fera plier, et rendra notre projet futur de casse sociale et écologique bien plus compliqué à accomplir.

Non, nous ne céderons pas si la mobilisation retombe dès le 8 mars… Il faudra que les grèves reconductibles, les fermetures, les blocages continuent pour que nous décidions de retirer une réforme dont même le MEDEF commence à regretter les conséquences : les grands patrons détestent entendre parler de partage des richesses, surtout quand elles prennent des proportions aussi indécentes en période de pénuries et…

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Auteur: dev