Ne laissons pas le marché s'emparer des low-tech

Olivier Lefebvre est ingénieur et chargé de cours en philosophie de la technique à l’Université fédérale de Toulouse. Il est membre du collectif universitaire l’Atelier d’écologie politique (Atécopol), à Toulouse.


Les low-tech font l’objet d’une attention grandissante. Fours solaires, maisons en terre-paille, vélomobiles, tout dans ces technologies a été pensé pour limiter drastiquement leur empreinte environnementale, de leur production à leur fin de vie, en passant par leur mode d’utilisation. Mais ces objets ne sont pas simplement des marchandises : ils portent en eux un projet de société, inspirée par les pionniers de l’écologie politique comme Ivan Illich qui dès les années 1970, invitait à repenser la technologie en garantissant l’autonomie créatrice des individus et en limitant les rapports de domination.

Aujourd’hui, la communauté low-tech ne cesse de s’agrandir et ses idées commencent à être reprises par les sphères institutionnelles désireuses de promouvoir de nouveaux marchés. La principale agence publique de l’environnement, l’Ademe, a déjà lancé des appels à projets pour une « innovation low-tech en Île-de-France » et un récent rapport du groupe de réflexion The Shift Project, réalisé avec le groupe d’écoles d’ingénieur Insa, recommande d’introduire l’approche low-tech dans les formations d’ingénieur.

Enthousiasmé par cet essor, certains voient déjà dans les low-tech une voie de reconversion écologique de l’industrie française, dont l’organisation et les capacités de production bénéficieraient à un domaine encore artisanal. Mais s’il devait être pris en main par les logiques du capitalisme, le projet politique porté par les low-tech ne risquerait-il pas de se dissoudre dans le Marché ?

Les low-tech visent la sobriété ; le capitalisme, l’extension des marchés

Dans la lignée des appels à la réindustrialisation de la France portés par différents courants politiques, renouvelés par la situation de dépendance vis-à-vis de la production étrangère qu’a mise à jour la crise du Covid, on va assister à des demandes adressées aux grands groupes industriels français pour qu’ils s’emparent du sujet des low-tech afin d’en accélérer l’essor. L’idée étant que si nous demandons au capitalisme de produire les bons objets, alors nous pourrons enfin avoir des modes de vie soutenables. Mais si le capitalisme est évidemment en capacité de produire massivement des objets répondant à des exigences low-tech, peut-il…

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Auteur: Reporterre