Rappelez-vous l’an passé, à la même époque, lorsque la pandémie de Covid-19 imposa son rythme au monde entier. Sitôt confinés, on commençait à rêver un « monde d’après », non seulement libéré de la maladie, mais aussi de ses causes écologiques, économiques et politiques. Quelques mois plus tard, le « monde d’après » n’avait même pas encore vu le jour que le « monde d’avant » autoritaire et capitaliste étouffait brutalement tout germe utopique.
Pour l’historien Jérôme Baschet, cette trajectoire historique n’avait — et n’a toujours — rien d’inéluctable. Son dernier ouvrage, Basculements, part du constat que le capitalisme se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins. De la voie qu’il prendra — ou qu’on le forcera à suivre — dépend l’avenir de la planète et de ses habitants.
Certes, le Covid-19, « maladie du Capitalocène », a révélé les faiblesses du système socioéconomique dominant. Il l’a même plongé dans ce que Baschet nomme une « crise structurelle ». Toutefois, nulle pandémie ne suffira pour faire tomber de lui-même un tel colosse, de même que ce dernier pourrait fort bien s’accommoder de cette condition, ce qui donne lieu à la description paradoxale de ce nouvel état de fait : « Tout en multipliant des situations de crise généralisée, la société de la marchandise continue à se reproduire et à entretenir sa dynamique de domination et d’accumulation. » Aussi, s’inscrivant à rebours de ce qu’ont longtemps prétendu les théoriciens marxistes et de ce que professent aujourd’hui les collapsologues, l’auteur rappelle le formidable pouvoir de métamorphose et de réinvention permanente du capitalisme, qui l’a maintes fois (après 1917, après 1929, après 1973, etc.) sorti de pareilles situations. On se méprend en croyant qu’une seule vulnérabilité entraînera fatalement le capitalisme vers sa fin. Car « le » capitalisme n’est pas aussi homogène qu’on le pense : comme tout système, il dispose certes d’un socle idéologique commun, mais est également traversé par de nombreux courants concurrents, dont chacun des acteurs tente de surpasser l’autre à coups d’innovations et de disruptions, quand ce ne sont pas de vraies guerres commerciales.
Une « politique de l’autonomie et de la multiplicité »
En somme, pour lutter efficacement contre lui, il faut bien connaître les mutations en cours au sein même du système capitaliste. Sans s’attarder outre mesure sur celles-ci, car le devenir révolutionnaire…
La suite est à lire sur: reporterre.net
Auteur: Maxime Lerolle Reporterre