Ne pas laisser un pouce de terrain aux fascistes. L’exemple de la lutte contre Ordre nouveau

Lorsque l’extrême droite fasciste refit surface en France quelques années après la Seconde Guerre mondiale, la gauche révolutionnaire se dressa pour lui faire face. Ce fut notamment le cas dans les années qui suivirent mai-juin 68, durant lesquelles la Ligue communiste, animée notamment par Alain Krivine et Daniel Bensaïd (fondateur de la revue Contretemps), mena une bataille continue contre Ordre nouveau. Cette lutte antifasciste culmina le 21 juin 1973 lors de l’attaque du meeting fasciste qui devait se tenir à la Mutualité. L’historien Jean-Paul Gautier revient sur cette séquence dans un extrait de son livre Antifascisme(s), récemment paru aux éditions Syllepse.

Ligue communiste vs Ordre nouveau

Durant les années 1970-1973, le devant de la scène de l’extrême droite est occupé par Ordre nouveau (ON). Qualifié « d’Ordre nazi », il éclipse tous les autres groupuscules d’extrême droite et focalise l’action des antifascistes. Ordre nouveau va devenir la bête noire de la Ligue communiste, qui n’épargne pas les autres groupuscules. À chaque initiative d’Ordre nouveau, la LC organise des contre-manifestations radicales. Se met ainsi en place un processus d’agression/riposte. L’affrontement physique avec l’extrême droite apparaît pour certains mouvements d’extrême gauche comme un des axes de construction. C’est le cas pour Révolution et la Ligue communiste, particulièrement en visibilité sur ce terrain. D’autres groupes d’extrême gauche se cantonnent soit à une analyse simplement théorique, soit cette thématique est quasiment absente de leur problématique. Les partis de gauche refusent de s’y associer pour « ne pas leur faire de publicité ». La Ligue communiste se positionne comme favorable à une violence prenant le caractère d’exemplarité c’est-à-dire en lien avec ce que les gens peuvent accepter comme niveau de violence, comme pratique de la violence, le but étant de créer une dynamique qui peut faire que cette violence soit reprise. Ordre nouveau, comme son ancêtre Occident, recourt systématiquement à l’usage de la violence. Sa première apparition est l’appel à une réunion au cinéma Saint-Lambert, à Paris dans le 15e arrondissement avec comme slogan « France réveille-toi ! Face au marxisme, face au régime, camarade au combat pour un ordre nouveau ». Le 10 décembre 1969, la salle de cinéma est plastiquée. Ordre nouveau tient une réunion de protestation en plein air devant le cinéma. La première apparition d’ON sent le soufre….

La suite est à lire sur: www.contretemps.eu
Auteur: redaction